Suite à mon blogue du 17 mai, j’ai reçu un témoignage troublant cette semaine concernant le désespoir d’une famille devant le placement de son enfant par la DPJ dès la naissance. J’ai déjà parler de ce genre de situation dans mes écrits passés mais cette fois-ci, je ne peux garder pour moi cet élan du coeur de cette famille. Je ne connais pas les parents ni la situation de compromission, mais leur cauchemar mérite d’être signalé. Le sujet aujourd’hui c’est le côté humain de la chose et l’état de notre conscience devant ce phénomène courant et bouleversant.
Cette détresse humaine est-elle évitable? Y-a t il lieu de faire autrement? Comment assurer la protection d’un enfant en limitant les dégâts collatéraux surtout pour les parents et les proches? Comment une intervenante ayant déjà accouché peux-t-elle composer dans une telle situation? Voilà plein de questions que je continue à me poser et que je vous soumet à la recherche de la meilleure solution entre protection, humanisme et meilleur intérêt de l’enfant. Ce témoignage venant du coeur m’a personnellement embarrassé et troublé même. Il nous faut se questionner sur une pratique qu’on ne tolérerait pas même chez les animaux.

Laissons M. nous décrire leur détresse.« Bonjour Dr Julien. Mon conjoint et moi avons perdu notre bébé dès l’accouchement. Nous étions censés avoir notre bébé d’amour dans nos bras 2 jours après être sortis de l’Hôpital. (ils nous ont dit qu’ils gardaient l’enfant à la pouponnière car il était très petit et par précaution.) Le lendemain suivant, la DPJ a sonné à notre porte afin de nous dire que notre bébé tant attendu allait être envoyé en famille d’accueil. C’est un cauchemar épouvantable pour les parents, surtout quand on y voit une injustice assez fracassante. Nous sommes coupables avant d’être innocents. Même notre système de justice fonctionne à l’inverse. On peut voir notre petit trésor 2 fois par semaine, sous observation, dans des endroits spécifiques pour cela…et ensuite il repart en famille d’accueil. L’effet psychologique est déchirant et émotionnellement dévastateur. Je peux comprendre qu’il y a des bébés naissants qui sont malheureusement entourés de toxicité et de parents qui n’ont pas les compétences nécessaires. Par contre, les parents sont totalement oubliés et aucune aide concrète n’est reçue. Si on laissait la chance aux parents d’expérimenter la vie parentale avant d’enlever l’enfant???Encadrez-nous dans le pire des cas, aidez les parents svp, si nécessaire! Ce procédé d’enlever littéralement le bébé avant même qu’il ait pu vivre avec nous et ce, entouré d’amour, de tendresse et de bonne volonté, est tant qu’à nous totalement inacceptable. Le plus beau moment de notre vie, suivi de 24h par la suite du plus cauchemardesque événement complètement impossible de même anticiper le moindrement tellement que c’est horrible. Ne devrait jamais se produire…Nous ne sommes pas seuls dans cette situation, un cri d’alarme se fait attendre depuis longtemps, pourtant inaudible apparemment par la DPJ.»
Quelle réponse avons-nous à lui donner? Peux-t-on faire mieux au plan humain? Ne devrions-nous pas agir différemment? L’idée de protéger l’enfant et d’accompagner les parents en même temps ne serait-elle pas plus responsable et constructive comme le suggère M. Une approche moins policière est clairement à envisager. On ne peut se substituer aussi librement à la justice qui considère un individu innocent jusqu’à preuve du contraire. Un processus décisionnel plus formel et rassemblant divers secteurs de la société avec l’entourage, pourrait être mis en place plutôt que de laisser la décision en arbitraire avec une DPJ toute puissante. Un placement à la naissance devrait clairement être autorisé uniquement en dernier recours. Encore une fois l’importance d’agir avec des intervenants de proximité et l’entourage dans ce domaine s’avère essentielle pour une plus grande justice et pour le bien être global de l’enfant.