L’école en difficulté

En pédiatrie sociale en communauté, on tente de tout faire pour soigner à notre façon les enfants en difficulté, y compris ceux et celles qui en arrachent à l’école. Or, quand ce sont les grands systèmes qui sont en difficulté eux-mêmes, rien ne va plus et ce sont les enfants qui en sont les grands perdants. Leur droit à une éducation adaptée à leurs besoins est alors remis en cause et leurs chances de réussite scolaire et sociale, grandement compromises.

Les difficultés scolaires de toute nature sont fréquentes dans nos milieux, et encore davantage lorsque l’enfant vit dans un milieu de grande vulnérabilité. Les absences fréquentes, les changements multiples d’école et d’enseignants, les carences langagières et les problèmes de motivation en sont souvent la cause. Le soutien quant à lui, arrive au compte-goutte alors que les stresseurs se multiplient au fil des jours.

L’école actuelle est en crise et en grande difficulté, et l’offre de services complémentaires est au plus bas. On n’y trouve que peu ou pas d’orthophonistes, d’ergothérapeutes et d’orthopédagogues et souvent des enseignants dépassés par une tâche impossible à surmonter à eux seuls. 

Il y a peu de temps en clinique, j’ai reçu le jeune Alexis, et son histoire est malheureusement emblématique de la situation dans nos écoles. Le jeune Alexis est en fin de cursus primaire et on constate qu’il a doublé sa deuxième année, puis qu’il est passé de justesse en cinquième année, non sans difficultés. Comme il n’avait pas de diagnostic précis, il n’a pas reçu l’aide nécessaire car nous dit-on, « il n’avait pas de troubles assez sévères ». D’autres en avait plus besoin que lui…

Pourtant, Alexis a bel et bien une dyslexie-dysorthographie et des difficultés de comportement liés à sa frustration de ne pas réussir. Ses colères sont de plus en plus fréquentes et il m’avoue clairement que la frustration liée à ses échecs scolaires le met hors de lui et est le moteur d’une grande partie de ses troubles du comportement. Des histoires comme celles d’Alexis, nous en voyons malheureusement trop souvent alors que tous les enfants devraient avoir le droit d’être accompagnés et soutenus, peu importe la sévérité des troubles diagnostiqués.

Face à cette situation, dans nos centres de pédiatrie sociale en communauté, nous nous efforçons de mettre en place une offre de services adaptée, le plus près possible des milieux de vie des enfants en situation de grande vulnérabilité. Au Garage à Musique par exemple (l’un de nos 45 centres), nous incluons même le service de soutien scolaire spécialisé pour assurer aux jeunes en difficulté scolaire un service individualisé et adapté. Quand l’école n’y arrive plus, faute de moyens et de spécialistes, nous n’avons alors plus d’autres options pour soutenir ces enfants et ainsi éviter leur échec scolaire.

Le constat peut sembler pessimiste me direz-vous et pourtant, l’école peut aussi faire de très bonnes choses. À l’image des classes spéciales pour les enfants avec des troubles complexes et qui permettent à ces jeunes de recevoir l’accompagnement adéquat. Les classes de langage et d’accueil sont d’autres exemples inspirants pour notre école publique.

Vous vous en douterez, le cas de l’École Grand Pré spécialisée en langage – victime d’une réorganisation des services – m’interpelle. C’est exactement ce type de structure qui est une formule gagnante pour les enfants. Les impacts de ces écoles spécialisées sont réels et leur existence est reconnue comme faisant partie des meilleures pratiques à déployer.

Les parents de cette école s’insurgent, et je les comprends. Le modèle décrit, soit une offre de services d’équipe spécialisée et qui couvrent l’ensemble des besoins des enfants en difficulté, fonctionne et est vraiment la voie à suivre.

Nous ne pouvons pas en permanence déshabiller l’un pour couvrir les carences de l’autre, autre qui a aussi d’énormes besoins à combler et de défis à relever.  

Les temps changent

Photo de Pavel Danilyuk sur Pexels.com

Les temps changent mais les choses ne changent pas nécessairement pour autant. Je continue à voir des enfants en besoin au jour le jour et le plaisir est toujours au rendez-vous parce qu’ils sont vrais, authentiques et reconnaissants.

Quand on peut agir comme soutien auprès d’eux, quand ils nous autorisent à décoder leurs émotions et leur bien-être et à les soutenir dans un bout de leur vie, c’est probablement le plus cadeau qui nous est donné comme soignant. Les enfants eux ne changent pas par rapport à leurs besoins fondamentaux et dans leurs attentes pour se développer pleinement.

Adrien était tout écoute du haut de ses 7 ans cette semaine. Il m’écoutait attentivement et me souriais discrètement lorsque je tentais d’expliquer aux parents qu’il n’avait pas de troubles de comportement comme le pensait l’entourage. Quand j’additionnais la somme des traumas qu’il avait subi ces dernières années, ceux particulièrement liés à l’exposition à des violences domestiques, à l’intimidation à l’école et à celui du rejet et de l’abandon de son beau père, cela allait de soi pour tous. Ses comportements difficiles, ses mauvaises notes à l’école, son incontinence récemment apparue et ses pleurs incessants la nuit s’expliquaient de facto. Il ne demandait qu’à être rassuré, sécurisé et aimé tout simplement, pas médicamenté!

Quand Sylvain, 13 ans nous annonça qu’il ne fréquentais plus l’école depuis 6 mois et qu’il ne faisait rien de toutes ses journées et ce avec un sourire en coin, il savait très bien qu’on allait réagir et que c’était la meilleure façon de se faire entendre. Il voulait simplement nous dire haut et fort qu’il était dépassé par les évènements et dans une détresse importante. Lorsqu’il nous parla de ses maux de tête, de ses vomissements, de ses problèmes de peau et de ses idées suicidaires, il nous confirmait qu’il se trouvait au bout du tunnel et que sans aide, il n’y arriverait pas. Son diagnostic de TDAH ne tenait plus la route. Le vrai problème se situait dans son entourage, dans la façon dénigrante dont il était traité, dans les abus qui caractérisaient son parcours en bas âge et dans son attachement totalement insécure lié aux maladies de sa maman. Il n’avait pas d’autres possibilités que de régresser, de jouer un rôle de protecteur pour ses proches et de se rendre malade lui-même. Sa trop grande surcharge émotive l’étouffait littéralement et c’est là-dessus qu’il fallait agir rapidement.

Ce qui change peux-être, c’est le désir profond de revoir nos façons de faire avec les enfants soufrants, c’est la nécessité d’approfondir les symptômes que nous présentent les enfants en dehors du schème médical traditionnel et c’est le besoin d’innover dans notre pratique, un enfant à la fois, en s’assurant d’écouter attentivement leur parole comme point de départ de toutes demandes d’aide et d’offres de service. C’est certainement le plus beau changement que l’on puisse faire pour mieux soigner et rassurer les enfants en ces temps difficiles.

Amour et bienveillance

Nous fêtions les vingt ans de la Guignolée DR Julien en décembre dernier et nous espérions comme à chaque fois que tout se passe bien et que les gens continuent de nous appuyer pour améliorer le sort des enfants en situation difficile

Pour nous, les bons mots et les dons quelqu’ils soient sont une source importante de motivation à continuer notre oeuvre et à étendre nos services à tous les enfants dans le besoin

Vous nous avez encore choyés cette année par votre générosité bien sûr ( près de 4 millions de dollars précieux), mais surtout par vos bons mots, votre soutien moral essentiel et vos paroles d’encouragement.

Nous voyons énormément de souffrances chez les enfants et chez les jeunes et dans la plupart des cas, les causes profondes sont d’ordre traumatique comme des deuils, des négligences, des abus, des abandons et des intimidations.

Un cerveau d’enfant mal ou pas stimulé adéquatement va produire des problématiques graves de développement, de capacités et d’adaptation en plus de provoquer des maladies physiques en cours de route. C’est sans compter le désespoir et la colère de n’avoir pas d’avenir pour un grand nombre d’entre eux.

«Les yeux brillants de bonheur, un coeur plein de douceurs, voilà mes souhaits à tous les enfants à qui vous donnez espoir et respect».

Photo de Ivan Samkov sur Pexels.com

«En unité de coeur, puisse ce don non seulement faire le bien mais aussi multiplier le rayonnement de votre action»

Merci Éloïse et Françoise pour ces paroles capables de nous aider à déplacer des montagnes. Merci à toutes et tous de prendre la peine de nous supporter année après année. Le message est bien passé. Sachez que nous tenterons de toujours être à la hauteur en tout respect des enfants dans le besoin

Dr Julien

Bonne année

Photo de Anna Shvets sur Pexels.com

UN VŒU DE NOUVEL AN

La période des vœux approche à grand pas et je ne peux m’empêcher de porter encore une fois la cause des enfants en situation de vulnérabilité en première page.  Pourquoi remettre sur le métier la pertinence, je dirais même l’obligation, d’agir pour les enfants et de porter leurs paroles d’espoir?

Parce que les nouvelles ne sont pas bonnes, parce que leur situation se détériore mais surtout parce qu’il est facile de faire bien et mieux. Je rêve du jour où les nouvelles seront bonnes parce que l’amour des enfants sera vraiment au premier plan de notre société, ce jour où les engagements genre «Un Québec fou de ses enfants» ou   «Construire une société bienveillante pour les enfants» deviendrons bien réels  et non plus des mots vides de sens et d’action.

Le tableau offert quotidiennement par les médias ne laisse aucun doute sur l’état d’inertie des services aux enfants et aux jeunes autant dans notre belle province qu’ailleurs dans le monde. On y retrouve un tableau très clair des carences des services essentiels pour les enfants d’une part et du non-respect de leurs droits d’autre part.

 Loin de vouloir faire peur, ou d’entreprendre une critique en règle, ou encore de partir à la recherche de coupables, il y a lieu de faire un constat global objectif en ce début d’année. Il y a lieu de sortir de notre immobilisme face à ces enjeux et surtout de susciter une mobilisation générale pour les enfants pour combler les lacunes flagrantes.

Dans tous les domaines concernant leur santé, leur sécurité, leur développement et leur bien-être, les enfants manquent de soins et de services pertinents. Les Hôpitaux manquent de personnel et d’espace pour bien soigner les enfants en détresse respiratoire comme ceux en détresse psychologique. Les écoles sont à bout de tout, pénurie de personnel, démobilisation, chaos administratif, durée de vie des bâtiments dépassée. Les services de garde restent difficilement accessibles, la qualité des services est variable et le manque de personnel compétent est flagrant. Le système de protection de la jeunesse est en crise et les ressources humaines se trouvent dans un niveau d’épuisement inquiétant.

On peut ajouter au tableau des risques, ceux encourus par de nombreux enfants «au travail» en manque de balises et d’encadrement, ceux dont les habitudes de vie sont désastreuses par manque d’accès à une saine alimentation, à du plein air et à des cours d’éducation physique.  Il y a en plus encore quand on considère le nombreux stresseurs sociaux qui alimentent le désarroi et la détresse des jeunes de plus en plus envahis par une anxiété toxique : la planète et l’humanité sont en péril, les guerres se multiplies dans le monde, la crise économique ne fait que commencer et la violence sans fin fait des ravages dans nos rues et dans le monde.

Le tableau est bien sombre (vous m’excuserez de le répéter sans cesse) mais force est d’en parler et de reconnaître les vrais besoins des enfants et des jeunes. On se doit maintenait de ramener la priorité enfant comme fil conducteur de toutes les initiatives pouvant apporter les changements nécessaires pour réussir un nouveau paradigme de soins en leur faveur.

 Il n’est pas trop tard pour refaire un monde axé sur les vraies valeurs et le respect des droits humains en considérant les enfants d’abord, leur sécurité, leur développement, leur façon d’apprendre, leurs soins médicaux, leur environnement, leurs aspirations futures. Nous avons les outils et la connaissance pour le faire tous ensemble en commençant dans les milieux de vie (approche de proximité et d’équité sociale) et en mettant nos efforts en commun (l’interdisciplinarité et l’arrimage des soins et services). Il ne manque que la motivation et les moyens financiers pour y arriver. Il ne faut plus de nouvelles études ni de nouvelles commissions mais on doit commencer à agir massivement par une grande valorisation des ressources locales et un plus grand investissement pour les enfants d’abord dans leurs milieux.

La Guignolée Dr Julien 2022 se poursuit avec un fort appui populaire jusqu’au 15 janvier. Notre travail au quotidien c’est de refaire le monde un enfant à la fois et cette marque de confiance de multiples donateurs et bénévoles nous donnent un grand élan pour poursuivre notre œuvre. Merci de tout cœur. Il ne reste qu’à nous souhaiter de mieux faire avec les enfants pour 2023 et les années suivantes.

Oui c’est possible!

Gilles JULIEN

PÉDIATRE SOCIAL

       Une immigration équitable

Photo de Ahmed akacha sur Pexels.com

J’ai été exposé très tôt à ce qu’on appelait le « choc des cultures » dès mon jeune âge mais pour moi, ce fut plutôt un enrichissement formidable qui a contribué à ma qualité de vie et à mon épanouissement personnel, jamais un choc, jamais un frein à ma culture, bien au contraire

D’abord dans ma vie, il y eu les anglophones et les syriens de Grand-Mère qui furent parmi mes meilleurs amis de jeunesse et qui m’ont ouvert très tôt à d’autres univers et au rêve d’en découvrir plus encore sur d’autres peuples dans le futur. Ce furent d’ailleurs les patrons de mon père (Arabes et anglophones) à l’usine qui offrirent de payer mes études au Séminaire pour m’ouvrir d’autres portes dans l’avenir…

Puis il y a eu des professeurs récemment immigrés, français et belges d’ailleurs, qui m’ouvrirent à la mentalité et à des cultures européennes et qui suscitèrent ma curiosité face aux gens de ce continent de nos ancêtres. On les taquinait bien sûr et on se moquait aussi de leurs accents mais au fond on comprenait leur importance dans nos vies de collégiens pour davantage nous ouvrir l’esprit.

Par la suite, mes plus grandes inspirations comme médecin et pédiatre social, furent les Dr Nicolas Steinmetz, pédiatre anglophone à l’Hôpital de Montréal pour les enfants et Dr Gloria Jéliu (bulgare) de l’Hôpital Ste Justine. Les deux ont contribué fortement à ce que je suis devenu aujourd’hui comme pédiatre social.

Mon côté plus nomade pendant plusieurs années, tire certainement son origine de toutes ces expositions à des personnes ayant immigré chez nous pour partager leurs expériences et leur richesse.  Ces «étrangers » ont grandement changer ma vie. Mes contacts terrains avec les Comoriens et avec les Albanais furent également une grande inspiration pour influencer ma trajectoire professionnelle et mieux définir l’approche de médecine sociale pour les enfants plus vulnérables et souffrants que j’ai créé par la suite.

Dans Côte des neiges, j’ai vu des classes complètes d’enfants immigrants ou réfugiées de toutes nationalités confondues qui dès la maternelle pouvait apprendre le français en quelques mois comme deuxième ou même cinquième langue et entreprendre des études avancées pour contribuer pleinement à notre société.

Les professeurs, médecins, scientifiques, soignants, ingénieurs etc. issus de l’immigration contribuent pleinement à notre évolution comme société distincte comme on se plait à le dire. Si on est distinct, c’est qu’on est fort et fier et sans crainte d’y perdre au change. La richesse de la mixité et de l’ouverture à l’autre devrait nous guider pour favoriser et accueillir les personnes immigrantes. Elles constituent une «réelle valeur ajoutée» dans une démarche d’équité sociale.

La seule peur de perdre notre langue ou nos acquis en ouvrant nos portes est une bien mauvaise conseillère pour assurer la force de notre identité. Se priver de l’apport de personnes migrantes comportent un immense risque de perdre une partie importante de notre société distincte.

Bienvenues chez nous!

Guignolée Dr Julien

La Guignolée Dr Julien revient le 10 décembre et fête ses 20 ans! Soyez des nôtres encore et encore.

La Guignolée Dr Julien, c’est un événement unique du temps des fêtes, un moment pour penser davantage aux nombreux enfants qui n’ont pas accès à des services adéquats pour assurer leur santé globale et leur développement. Tous les enfants ont les mêmes droits et un potentiel à développer. Nous visons les enfants qui manquent de soins, d’outils de développement et d’espoir de jours meilleurs.

Nous soignons des enfants qui ont faim, qui sont mal logés, qui vivent des stresseurs sociaux majeurs et qui sont souvent victimes de nombreux traumas, intimidations, abandons, négligence, abus. Ils ont besoin d’être aimés, valorisés, soignés, respectés et accompagnés sur une trajectoire de succès et de santé.

La pédiatrie sociale en communauté c’est une approche de médecine sociale et de soins de proximité qui permet de s’assurer que ces enfants soient traités adéquatement pour leurs besoins globaux dans le respect de leurs droits dans un modèle d’équité sociale.

Le Québec compte 45 centres de pédiatrie sociale en communauté dans les milieux les plus vulnérables où plus de dix mille enfants sont accueillis et soignés sur du court et long terme. Soyez des nôtres encore cette année et appuyer la Fondation Dr Julien et particulièrement le Centre de pédiatrie sociale en communauté de votre secteur. Votre appui et votre investissement sera des plus rentables pour soulager et soigner plusieurs enfants dans le besoin

Je vous remercie de tout coeur

Gilles Julien, pédiatre social

Fondationdrjulien.org

Les meilleurs amis…au monde

Je pensais vous parler du masque, de la guerre, des tueries, du prix des aliments et du carburant et même de la pénurie de lait pour bébé qui pointe chez nos voisins du sud.

Il y a tant de mauvaises nouvelles qu’on est tous saturés et en proie à une certain découragement sinon à un désespoir toxique. Je me retiens donc d’élaborer sur les injustices et sur l’indifférence face à la souffrance humaine et à l’impact profond sur la santé mentale des enfants et des jeunes.

Ce rapide état de fait de notre société actuelle explique certainement au moins partiellement, la recherche d’isolement et le profond désengagement de notre jeunesse. Les jeunes se retirent et fuient de plus en plus. Peut-on les blâmer?

Personnellement, Je mise encore sur leur sagesse et sur leur grande résilience. Je préfère de loin vous partager un autre beau petit moment avec une fillette de 8 ans qui, suite à un questionnement sur ses amies et sur sa définition d’une meilleure amie, nous répondit du tac au tac :

  «Dr Julien, les meilleurs amis,  ça ne se sépare pas, c’est pour la vie.»

Photo de Ron Lach sur Pexels.com

Elle venait en peu de mots de nous ramener la confiance et l’espoir d’un monde meilleur.

Je préfère donc encore miser sur les valeurs et les forces inhérentes aux enfants pour guider les adultes vers la vérité, celle de l’amitié en étant un profond exemple à méditer.

La belle petite histoire…de la semaine

Photo de Ron Lach sur Pexels.com

Nous venions de terminer une rencontre avec Noémie, sa mère et la DPJ. On y avait vécu beaucoup d’émotions puisque Noémie est placée temporairement loin de sa maman et de son père et qu’elle vit beaucoup de colère et de graves sentiments d’abandon. Comme elle est atteinte d’un TDAH avec une forte impulsivité et qu’elle a une histoire sérieuse de traumatismes, de changements, d’abandons, de déplacements et d’expositions à la violence, le tout en fait une petite de 9 ans facilement explosive et rebelle. En fin de rencontre, après plusieurs émotions, on la sentait apaisée et surtout triste. On lui avait témoigné aussi beaucoup d’attention et d’empathie ce qui l’avait partiellement calmée mais la tristesse restait apparente.

Une fois la visite terminée, je l’accompagnai vers la sortie et nous avons alors croisé par hasard deux jeunes fillettes de 3 et 10 ans qui arrivaient pour leur rendez-vous. Elles me sautèrent dans les bras pour un câlin à la grande surprise de Noémie. Elle me demanda alors si c’étaient mes enfants et je décidai tout bonnement de faire les présentations d’usage. Christine et Alanis se dirigèrent alors vers Noémie pour un câlin bien senti et très touchant. Elles avaient bien saisi la détresse de Noémie et elles s’étaient précipitées simplement pour une petite consolation spontanée. Noémie en fut bouleversée profondément et elle repartit avec un grand sourire, plus forte que jamais. Notre journée était faite.

Le doute et la certitude

Photo de Andrea Piacquadio sur Pexels.com

D’entrée de jeu, je navigue entre les deux, comme vous peux être. Le doute sans certitude et inversement la certitude sans doute ne font pas de sens surtout dans les temps de pandémie d’aujourd’hui. Comme notre liberté fut et est encore entravée dans certains cas depuis deux ans, avec peu de doutes et plein de « certitudes », la réflexion s’impose.

Dans l’incertitude du début, mais pour le bien de tous, nous avons docilement suivi la vague puisque le coronavirus voyageait partout dans le monde à une vitesse effarante et que nous étions un peu pris par surprise. Le doute n’avait pas de place, il fallait sauver les meubles pour éviter le pire. Je pense que jusqu’ici tout devait bien aller et nous l’inscrivions même dans nos fenêtres pour calmer le jeu et garder l’espoir.

Par la suite, la situation fut moins claire et des incertitudes sont vite devenues des certitudes dans les discours des dirigeants et des gens de santé publique, laissant peu de place au doute. Tous voulaient bien faire et à leur place on n’aurait peut-être pas fait mieux. Le masque, les vaccins, la distanciation et l’isolement furent tour à tour des incertitudes et des certitudes changeant d’un jour à l’autre.

Le vaccin lui-même, promis à de grandes capacités et développé sur des critères de validation en accéléré s’est vite avéré moins efficace que prévu. Oui, il a bien sauvé des vies et des hospitalisations, mais on s’est vite rendu compte que ce n’était pas si simple que cela. On devait maintenant en recevoir deux, puis trois, puis quatre et peux être même un nouveau à chaque saison dans l’avenir. La certitude du départ s’est vite atténuée à notre grand désarroi. L’immunité, contrairement aux promesses, n’allait pas durer très longtemps.

C’est à partir de ce moment que le doute a commencé à s’incruster dans nos esprits. Les certitudes ayant tombé l’une après l’autre, on allait maintenant vivre avec ce fameux virus comme on le fait depuis toujours avec tous les autres qui lui ont précédé. On allait se résigner et composer avec cette fatalité. On a donc mis les certitudes de côté et on a presque concédé la victoire du virus nouveau. On allait bien voir et on allait s’y faire, même au risque de tous l’attraper une fois pour toutes. Notre angoisse n’allait que s’atténuée en prenant nos responsabilités.

Or on assiste depuis quelques semaines à un retour du même scénario. On garde le masque, on ne veut même plus l’enlever tant il nous colle à la peau. Les enfants ne veulent plus vivre sans lui. On recommence à se méfier du voisin et certains employeurs plus zélés que les autorités, recommandent de leur chef, de rester chez nous, d’éviter les contacts humains et de se faire livrer son épicerie à la maison comme il y a deux ans.

 La peur et la culpabilité recommencent déjà à nous envahir alors qu’on avait bien décidé hors de tout doute de « vivre avec» pour éviter cette fois-ci les dommages collatéraux qui nous ont enlevé une partie de notre humanité.

Je pense qu’un retour à la normale est sans contredit la meilleure solution. Nous avons compris le message : rien n’est certain et nous avons beaucoup à perdre face au risque de retomber dans l’incertitude et la grande noirceur. Soyons humains et raisonnables et agissons comme des gens responsables. Évitons les situations de risque et prenons les moyens nécessaires pour nous protéger et pour protéger autrui. Nous sommes assez matures pour «vivre avec» sans se faire infantiliser et y perdre nos valeurs les plus importantes. 

Le bout du bout

N’êtes-vous pas écœurés de vous sentir privilégiés, dociles et impuissants face à une guerre ignoble et incompréhensible?

Photo de Matti sur Pexels.com

 Nous venons juste de trouver une certaine lumière au bout du tunnel avec la pandémie et voilà qu’une guerre atroce fait rage en Ukraine et elle ne fait pas de quartiers pour les enfants et les ainés qui semblent même être des cibles favorites.

Question pandémie, on a passé au travers avec beaucoup de discipline, d’isolement social et de peurs quotidiennes. On s’est aussi vite retirés et cachés dans nos sous-sols et nos chalets pour ceux qui peuvent se le permettre. La peur de l’autre s’est rapidement installée au point même de fuir et de changer de trottoir pour éviter un rapprochement. Pendant ce temps, on a négligé sévèrement les ainés bien parqués dans leurs ghettos. Plusieurs en sont morts. Pour les enfants, ce fut une grande noirceur qui risque de se prolonger encore et encore.

On a parallèlement oublié le reste du monde en se servant abondamment en premier de vaccins, des tests et des médicaments. Il en fut de même pour les grands besoins des enfants qui eux ont perdu repères et motivations au point de se fermer et de se ternir.

 Pendant ce temps, en s’adaptant à notre façon et en se repliant sur nous-mêmes, on a comme oublié la solidarité et l’équité qui sont les grandes marques d’un grand peuple et notre société tout entière s’en est clairement appauvrie.

La guerre «criminelle» qui sévit en Ukraine et dans plusieurs autres régions du globe, les millions de personnes déportés ou disparus, la souffrance inacceptable de milliers d’enfants à l’échelle mondiale et le risque d’éclatement des vraies démocraties sont de bonnes raisons de se questionner et peux-être même de se racheter suite à ces deux années de pause. Il est possible de retrouver notre solidarité et de faire notre part. Allons-nous la prendre cette chance ou allons-nous encore une fois nous enfuir et oublier jusqu’à la prochaine catastrophe qui pourrait nous toucher encore plus directement.

L’exemple du peuple Ukrainien  prouve bien qu’on peut gagner des  guerres grâce à cette solidarité de tout un peuple. Un exemple à suivre et à supporter totalement.