Pour le présentiel en médecine

Photo de Tima Miroshnichenko sur Pexels.com

Le Collège des médecins nous y invite et je suis pleinement d’accord. Pour ma part, j’y suis revenu dès le deuxième mois de la pandémie parce que j’en ai besoin réellement dans ma pratique mais aussi par respect pour mes patients. Je travaille avec des populations en situation de grande vulnérabilité et comme ils sont beaucoup moins chanceux que nous dans de telles circonstances, c’était la moindre des politesses d’être encore plus près d’eux.

J’ai fait de la télé-consultation au début de la pandémie et cela me rappelait un peu mon époque de visiteurs à domicile puisque je m’introduisais dans leurs cuisines et leurs salons et que je pouvais communiquer avec la famille au complet pendant quelques minutes. Cependant la pratique de proximité où l’on peut décoder les attitudes et les expressions non-verbales me manquaient énormément. J’avais l’impression d’effleurer les problèmes sans pouvoir les approfondir. Je ne me sentais pas en pleine possession de mes moyens.

J’ai donc recommencé à voir les enfants en difficulté avec une équipe diminuée mais le contact physique nous permettait de mieux pratiquer notre médecine, de rassurer, d’examiner et de démontrer toute l’empathie que les enfants et les familles méritent. Les confidences pouvaient mieux se faire, les besoins s’exprimaient plus clairement et notre capacité de soutien s’en trouvait décuplée. Les équipes devinrent rapidement plus inventives, plus crédibles et plus éthiques.

Dan mon entourage, je constate que plusieurs médecins continuent à agir à distance. Je recueille les commentaires et les frustrations de nos parents et des enfants aussi. Les visites virtuelles sont brèves, il n’y a souvent pas le temps d’aborder les vrais problèmes ou même plus qu’un problème à la fois. Certains médecins semblent mal à l’aise, pressés par le temps et plutôt expéditifs. Un bon nombre ne passent même pas le triage que fait lui-même le médecin. Le service n’est pas à son meilleur.

Sommes nous en train de perdre notre âme de cette façon soit celle de la guérison par la confiance, l’écoute et l’accompagnement de nos patients. Je crois que notre crédibilité est en jeu et qu’elle sera difficile à récupérer. Je pense que dans un pays de droits comme le nôtre et en période aussi traumatique que celle que nous vivons tous et toutes, les médecins doivent se rendre encore plus accessibles, plus tolérants, plus empathiques, relire notre serment (d’Hippocrate) et faire notre devoir jusqu’au bout.

Vivement notre retour auprès de nos patients, ils nous attendent, ils ont souffert souvent plus que nous et nous pouvons tellement les aider dans leur adversité et leurs souffrances. Le seul fait de les reconnaître, de les voir en vrai et de les considérer peut changer une trajectoire difficile. Pourquoi donc s’en priver. C’est aussi bon pour le coeur.

Photo de Jonathan Borba sur Pexels.com

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