
Le pire avec les génocides c’est de ne pas vouloir y croire ou refuser de les reconnaître. On le sait, on en entend parler mais on fait comme s’ils n’avaient jamais exister. Les enfants autochtones du Canada et d’autres encore en furent les victimes planifiées et évidemment non reconnues pendant des décennies par le clergé d’abord, les politiciens ensuite et même par une grande partie de la population. Or maintenant on n’a pas le choix, ils viennent de renaître de leur sépultures en fosses communes et ce sur les terrains même des écoles résidentielles et des pensionnats partout au Canada. Ils sont des centaines, des milliers probablement à avoir été humiliés et effacés de la carte en total anonymat. Le temps est venu d’y croire et de réparer pour ne plus jamais que l’histoire se répète.
J’ai rencontré toutes sortes d’enfants dans ma carrière de pédiatre. J’ai été fasciné par chacun d’entre eux, de différentes façons et dans diverses circonstances. En Amérique, en Afrique, en Europe de l’est, dans Côte des Neiges à Montréal et en diverses nations autochtones au Québec et au Canada, j’ai eu le grand privilège de côtoyer des enfants de partout et de toutes cultures. Je les ai tous aimé et protégé au mieux de mes connaissances. De part mon métier, ce furent un grand nombre d’enfants en situation de pauvreté, beaucoup d »enfants en grande souffrance, déplacés, abandonnés, non aimés, des malades aussi de même que de nombreuses victimes d’abus, de guerre et de maltraitances.
J’ai eu le privilège unique d’apprendre de chacun des enfants que j’ai pu soigner ou soulager. Je suis encore impressionné par leur résilience et leur intelligence, de même que par leurs capacités multiples. Chacun est unique et détenteur d’un plein potentiel. On assure que tous les enfants sans exception, possèdent un talent majeur. J’affirme qu’ils en ont à revendre s’ils peuvent se mettre en piste sans discrimination et sans malveillance.
Comment peux-t-on détruire ces êtres de lumière en raison de leur couleur ou de leur origine, comment penser pouvoir les rendre conformes à une race dominante en effaçant leur principales caractéristiques, leurs identités, leurs langues, leurs couleurs qui en font des humains à part entière.
Nous vivons actuellement une grande peine face aux maltraitances et aux décès de milliers d’enfants autochtones trouvés soudainement dans des fosses communes. Il nous faut l’assumer entièrement. Le voile se lève sur des atrocités inhumaines infligées à des milliers d’enfants par les nôtres. On a peine à y croire mais les faits sont là et les preuves aussi. On a battu des enfants, on les a séparé de force de leur famille et de leur village, on a détruit volontairement leur identité et on les a laissé pour mort en toute connaissance de cause. Comment avons-nous pu penser de la sorte et agir ainsi dans un modèle défiant toute humanité.
Nous avons la chance de réfléchir à notre humanité, justement, et aussi de prendre conscience que ne rien dire et ne rien faire ne sont pas des options. Nous devons réparer, nous excuser et reconnaître ces erreurs indicibles. Les génocides, les pertes d’enfants, les violences, les abus ne doivent plus jamais être tolérés dans une société saine. En sommes nous capables?
