Certains parlent de nommer un « ange gardien » pour s’assurer de protéger les enfants au Québec. Ils espèrent que ce concept sera inclus dans le plan d’action que la Commission Laurent recommandera au gouvernement à l’automne prochain. Ce concept existe dans d’autres provinces, comme le Nouveau-Brunswick. Ailleurs, c’est un commissaire à l’enfance ou un ombudsman qui joue ce rôle. On ne peut qu’être d’accord et favorable à ce genre d’autorité ayant droit de regard sur des politiques, des règles et des orientations quant à la protection des enfants.
Mais pourquoi ne pas viser plus haut, si nos enfants sont vraiment une priorité au Québec ? Pourquoi ne pas donner un mandat plus large à cet organisme, indépendant et spécialisé en droits de l’enfant, pour qu’il s’assure du respect, par TOUS, de l’ensemble des droits fondamentaux des enfants, tels qu’énoncés dans la Convention relative aux droits de l’enfant, ainsi que dans les autres conventions, déclarations, et lois qui concernent l’enfant ?
Dans le mémoire de la Fondation Dr Julien déposé à la Commission Laurent, nous recommandons que ce bureau soit outillé et financé séparément de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, soit en scindant réellement cet organisme.
Un ange gardien qui travaille seul ne changera pas la réalité des enfants les plus démunis de notre société. L’organisme qui sera établi devra promouvoir un « réflexe enfant » dans toutes les sphères de notre société. Il devra « donner un espace sécuritaire pour que les enfants et jeunes puissent porter leur propre voix », et pour qu’ils aient « la possibilité de participer pleinement aux enjeux sociétaux ». La procédure devra prévoir un mécanisme pour recevoir toute plainte d’un enfant ou d’un jeune relativement à la violation de ses droits fondamentaux. Et allons encore plus loin, pour que le Québec continue d’être avant-gardiste : donnons aux enfants la possibilité d’élire la personne à la présidence de ce groupe d’anges gardiens !
Mais soyons clairs : cette réforme ne peut pas s’opérer sans l’implication de tous ces « anges gardiens » qui outillent et accompagnent les enfants sur le terrain. Ce sont eux les véritables anges gardiens, en proximité avec les enfants et les familles. Ils sont là, à leur écoute et à leur service. Pour avoir l’espoir de changer quelque chose pour les enfants, le bureau du défenseur des droits de l’enfant devra appuyer ce réseau de personnes capables de créer un véritable cercle protecteur pour chaque enfant qui en a besoin.
Dans cette réforme souhaitée des services à l’enfance, éloignons-nous de l’idée de trouver un sauveur, un ange gardien, qui réglera le problème de protection des enfants d’un seul coup de baguette magique. L’enjeu est trop majeur : on parle de la santé globale et du bien-être des enfants, pour leur présent, et pour notre avenir. Nous devons leur garantir toutes les chances de s’épanouir, quel que soit le milieu d’où ils viennent.

Au final, le véritable ange gardien, c’est celui qui tend la main à son voisin qui semble dépassé avec sa marmaille ! C’est celui qui s’intéresse à l’enfant qui est à côté de lui ! C’est celui qui le « prend par la main, pour l’emmener vers demain », comme le chantait Yves Duteil. Nous avons tous et toutes un rôle à jouer.