On approche de l'anniversaire de la Covid et on semble se situer au même point, genre du «surplace», la surprise en moins. Il est difficile de savoir où nous en sommes et où se situe la science qu'on nous demande de suivre les yeux fermés et à qui on fait dire bien plus qu'elle ne dit elle-même. Faisons donc un petit tour de piste de cette situation anxiogène vue à travers de grandes émotions.
Angoisse. On en vit tous plus ou moins selon nos moyens et nos conditions de vie. Il n'y a pas de grande équité dans ce constat. Ceux qui le peuvent, se mettent à la cuisine, aux loisirs permis et au travail à domicile. Ceux qui le peuvent pas, s'isolent de plus en plus, s'accrochent aux télé-réalités et aux jeux électroniques et ils se morfondent à penser aux lendemains toujours plus incertains. Les émotions des enfants se calquent alors sur celles de leurs parents. D'un côté, avec moyens, on réussit à s'apaiser en famille pour mieux passer au travers, de l'autre on se peine, on s'enrage et on perd progressivement le contrôle. Plus de détresse, plus de violence, plus de désespoir, affectent profondément un grand nombre d'enfants.
Tristesse. La perte des repères, l'isolement social, la peur de ne pas y arriver minent quotidiennement notre bien être. On se couche déprimés, on se lève déprimés. On cherche à dormir plus longtemps. On pleure facilement pour des riens et on sent la boule dans notre ventre qui grossit toujours plus. Quand la tristesse nous tient, quand rien ne vas plus, quand nos dirigeants parlent de catastrophes, il n'y a rien là pour nous réjouir. Il ne fait pas bon vivre dans la tristesse chronique. Sur ce point, fallait-il vraiment nous servir une alerte en fin de journée hier qui a fait sursauter et angoisser tout le monde un peu plus. C'en fut trop!
Découragement. Comment voir la lumière quand rien ne vas plus. Vas-t-on au moins survivre et dans quelles conditions? Chaque jour nous amène de mauvaises nouvelles et on nous avoue même être sur le point de perdre le contrôle en haut lieu. On nous répète également ad nauseam qu'on n'en sortira pas de si tôt. On se sent impuissants et le déséquilibre nous ronge. Comment ne pas se décourager? Les enfants, eux, se demandent bien ce qui adviendra de leurs écoles et de leurs amis et ils se questionnent profondément sur leur avenir.
Désespoir. C'est l'étape ultime lorsque qu'il n'y a plus d'espoir. C'est ce qui arrive à certaines personnes qui ne peuvent plus vivre dans de telles conditions, surtout ceux et celles que la vie n'a pas gâtée. C'est le bout du tunnel où plutôt la fin de la petite flamme qui devrait tous nous maintenir l'espoir. C'est le drame quand les enfants se retrouvent dans cette situation, ils ne veulent plus se développer, ils n'envisagent plus retourner à l'école et ils sentent que la porte se referme sur eux sans issues.
Un coup de collier est donc nécessaire. La terre continue de tourner. La lumière du jour a déjà commencée à s'allonger, les bourgeons reviendront dans quelques mois, Trump a bel et bien été défait, l'amitié est plus forte que le virus et elle restera intacte, peux-être même deviendra-t-elle encore plus forte. Les bébés continuent de naître. Ce sont des certitudes, de vrais repères. L'humanité en a vu d'autres et on passera au travers, c'est une certitude. Donnons un dernier coup de collier pour souligner cet espoir. Suivons donc les règles, on s'isole, on se confine, on se couvre-feu tous ensemble et on s'occupe des voisins et des enfants car l'espoir est à nos portes.
Fondateur de l'approche de la pédiatrie sociale en communauté
Président Fondation Dr Julien
Directeur clinique FDJ
Pédiatre actif
Plusieurs publications
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