Deux ans de peur et d’impuissance

Nous subissons tous cet étrange sentiment d’impuissance face à une pandémie mondiale qu’on n’avait pas vu venir. On ne sait d’ailleurs pas encore d’où elle vient et quand elle s’arrêtera, peux-être jamais d’ailleurs. On se dit donc, un peu en désespoir de cause, qu’il faudra bien apprendre à vivre avec, quelqu’elle soit sa virulence et sa résistance.

On s’est tous habitués à plein d’autres risques au cours des temps, le cancer, les accidents de la route, les maladies pulmonaires, les maladie mentales, et plein d’autres virus et bactéries. On a appris à vivre avec, on prend des mesures de prévention quand ça nous tente et on subit les conséquences de nos actes qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Cela fait partie de notre résilience de base et de notre survie.

Il en est de même avec la pandémie actuelle, sauf qu’elle se vit à l’échelle mondiale en temps réel. Elle nous fait peur bien sûr et elle nous inquiète car on sent l’impuissance et l’improvisation de ceux qui devraient nous rassurer et nous fournir des messages clairs. Rien n’est moins clair actuellement sauf les dégâts qui nous sont rappelés au jour le jour, d’heure en heure. Les commentateurs et chroniqueurs de toutes sortes s’en donnent même à coeur joie pour nous offrir une opinion non souhaitée puisqu’on pourrait très bien l’avoir nous-mêmes si on nous donnait l’heure juste et la liberté de le faire..

Dans ce cafoulli, il ne nous reste pas de temps pour apprendre, réfléchir et agir en respectant nos valeurs fondamentales et notre solidarité. On ne mise pas sur nos capacités de résilience pourtant bien reconnues. Dans ce contexte obscur, c’est plutôt malheureusement «le chacun pour soi» qui prend le dessus. On veut tous passer en premier pour les vaccins et le dépistage, s’il en reste ce sera pour les plus démunis. On vide les étagères des magasins sans en laisser pour les plus pauvres. On se terre socialement pour ne pas voir ceux qui souffrent le plus.

Pendant ce temps, le monde change plus profondément qu’il n’en paraît à première vue, pour le meilleur et pour le pire. On assiste donc au meilleur et au pire. Le meilleur c’est l’ensemble des efforts qu’ont mis les gouvernements et les spécialistes de toutes sortes pour trouver des solutions et des traitements préventifs et curatifs sans en connaître suffisamment sur le «monstre». Le pire, ce fut et c’est toujours le manque de solidarité mondiale et locale né de la peur qu’on nous fais vivre.

Dans toute cette histoire, c’est ce qui me bouleverse et qui me fait le plus peur. Le vrai danger ce n’est pas le virus, c’est plutôt les nombreux manquements humains que l’on constate quotidiennement. Mon grand souhait c’est qu’en 2022, on nous laisse décider par nous-mêmes de notre meilleur intérêt en nous donnant des informations validées et en mettant un baillon sur les opinions qu’on ne veut plus entendre et les publicités que l’on ne veut plus voir. Il faut maintenant soutenir les mesures de bienveillance, de solidarité et de résilience dont nous sommes tous porteurs et surtout compter sur le meilleur de nous mêmes.

Photo de Matheus Viana sur Pexels.com

Guignolée Dr Julien

On vient tout juste de constater encore une fois la grande générosité populaire qui soutient l’approche de la pédiatrie sociale en communauté pour servir les enfants les plus vulnérables du Québec. Avec respect et gratitude, je vous dis merci d’assurer encore cette année la poursuite de ce grand mouvement d’entraide et de bienveillance.

Photo de Eric Butler sur Pexels.com

J’ai souvent comparé ce mouvement à une grande spirale autour des enfants qui se déroule pour rassembler les forces vives des communautés autour des enfants. C’est le meilleur moyen pour mieux les protéger, les soigner et les accompagner sur une trajectoire de succès de vie avec des chances égales pour tous. La spirale signifie la mobilisation constante des personnes pour remplir cette mission et toute la puissance nécessaire pour servir le plus grand nombre d’enfants possible.

Sachez que grâce à vous, le cercle s’amplifie autour des enfants en situation de vulnérabilité et nos équipes couvrent maintenant plus de 10,000 jeunes en difficulté dans 42 centres répartis sur le territoire. Nous souhaitons à terme toucher 30,000 enfants souvent laissés pour compte et l’idée nous vient qu’un jour nous pourrions atteindre l’équité et les chances égales pour tous.

Personnellement je suis rassuré et comblé de tant de générosité et d’engagement pour supporter notre mission. Au nom des enfants, des familles et des intervenants, nous vous disons Merci du fond du coeur et nous vous souhaitons une belle période des fêtes dans un avenir meilleur.

Gilles Julien, Pédiatre social

C’est parti pour les enfants!

 

Photo de Rakicevic Nenad sur Pexels.com

« Mettre l’enfant au cœur des décisions» selon la Commission Laurent.  «Affirmer l’intérêt primordial de l’enfant et le respect de ses droits qui seront les éléments à considérer dans toute prise de décisions»  selon le nouveau projet de loi sur la protection de la jeunesse. On ne peut qu’applaudir!

«S’engager pour nos enfants» comme le souhaite le ministre Carmant, on est tous partants. Ce sont des souhaits louables mais maintes fois répétés depuis plusieurs années. Le meilleur intérêt de l’enfant est déjà passé dans le langage, de tous, même auprès celui des juges et des avocats, depuis longtemps, ce n’est pas une nouveauté en soi. Le bé-mol, c’est dans le comment faire, avec qui, avec quels moyens et selon quelles priorités.  

On attend toujours une transformation en profondeur des grands systèmes scolaire, santé et surtout en protection des enfants. On souhaite un virage costaud pour recentrer nos façons de faire, pour prévenir en grand le plus tôt possible et pour repenser les offres de services en lien avec les besoins globaux et l’ensemble des droits des enfants.

À ce jour, le constat d’incapacité est flagrant en ce qui concerne un réel engagement pour les enfants. Les listes d’attente ne s’améliorent pas dans tous les secteurs. Les services directs aux enfants restent fragmentaires à tous les niveaux. La démobilisation, le manque de ressources et de moyens sont sujets d’inquiétudes. Pourtant, le potentiel est présent, la population est prête, les intervenants n’attendent qu’un coup de pouce supplémentaire (beaucoup sous forme de reconnaissance) et plusieurs initiatives terrains se développent dans les milieux. Les signes sont encourageants.

Pour notre part, nous avons déployé une pratique de médecine sociale depuis au moins trente ans et elle se base justement sur l’accès, la prévention et l’effort de première ligne dans les milieux. Les enfants eux-mêmes y sont mobilisés en comités porteurs de leurs droits, les soins sont offerts en proximité de façon globale et les parents y conservent toute leur dignité. Nous sommes aussi actifs en prévention des effets négatifs des stress toxiques sur la santé et le développement des enfants les plus vulnérables (plus de 10,000)  et de la négligence. Notre façon de faire inclusive permet de réunir autour de notre équipe clinique, des enseignants, des directions d’école, des intervenants de la DPJ et des travailleurs des CLC, des CPE et des groupes communautaires.  

L’engagement actuel du gouvernement concernant l’échange d’information pertinente pour supporter les enfants arrivent à point. On s’attend aussi à des actions pour faire cesser le travail en silo et bien d’autres mesures pour renforcer la première ligne forte dans les milieux. Le gouvernement semble déterminé à poursuivre dans la voie du changement profond. Espérons qu’il ne s’arrêtera pas en cours de route. Soigner et protéger efficacement les enfants, c’est aussi l’affaire des communautés. En pédiatrie sociale nous souhaitons faire aussi partie de la solution.  

Quelques questions pour alimenter notre réflexion sur les grands changements :

Qui peux décider du meilleur intérêt de l’enfant dans une formule qui tiens compte de tous les droits des enfants?

Quels incitatifs mettre de l’avant pour améliorer la communication et harmoniser les meilleures pratiques?

Quel meilleur filet de protection mettre en place dans les milieux pour protéger les enfants les plus vulnérables?

Quels services doivent être mis de l’avant en prévention et en soutien précoce au développement des enfants?

Quels outils de mobilisation à mettre en place pour favoriser  l’implication des communautés?

Comment respecter et sauvegarder la dignité des familles au sens large pour maximiser leur participation?

On s’attend à un comité de travail sur ces sujets en début 2022. Le ministre doit nous revenir là-dessus avec une proposition.

L’ensauvagement de la société

J’ai entendu ce mot à la radio récemment. Ce fut une surprise et un étonnement en même temps. Or, le mot trotte dans ma tête depuis ce temps. Serait-ce un autre effet pervers de la pandémie qui nous a rendu tous un peu « sauvages », ou encore un retour à la case départ pour notre société affaiblie. Je ne sais pas trop mais le mot a continué à me troubler.

Quelques minutes plus tard, au volant, en auto vers la clinique, je circulais sur la 15 en essayant de changer de voie pour aller vers l’Est mais je n’y arrivais pas, aucun conducteur digne de ce nom ne me laissant la chance d’y arriver. Une automobiliste fâchée me klaxonna vigoureusement et, réussissant à me dépasser par la droite, m’abreuva d’injures que je ne pus heureusement entendre. Elle était déchaînée de toute évidence, en colère intense. Étais-ce de l’ensauvagement de relations humaines que je venais de subir?

Quelques kilomètres plus loin, comble de malchance, je dus me déplacer vers une autre voie à cause d’une construction, ayant pris soin de mettre mon clignotant. Or, le conducteur lésé à l’arrière s’empressa de me klaxonner intensément pendant au moins 10 minutes en continue, en levant les bras et le doigt haut et fort. Autre manifestation de l’ensauvagement de moins en moins subtil?

Plus tôt dans la Presse, j’avais remarqué dans plusieurs articles ou commentaires, les mots « horreur », « tragédie », « tireur fou », « des corrompus qu’on libère », « des meurtres gratuits », « des enfants tués » et autres terreurs diurnes. On faisait aussi référence à « un aveu d’impuissance » et à « la peur normalisée » devant toutes des catastrophes. Assez d’ailleurs pour bouleverser toute une journée.

La journée commençait mal et laissait à réfléchir.

Photo de Aleksandar Pasaric sur Pexels.com

Sommes-nous vraiment en voie d’ensauvagement? J’ai fouillé sur internet et selon Wikipédia, l’ensauvagement social est le signe d’un abandon sur le pacte social et du retour à l’état de nature où chacun règle ses problèmes par ses propres forces. On parle aussi de radicalisation des comportements, de violence gratuite, de décivilisation et même de brutalisation…

Quand on met dans la balance, le racisme systémique, l’utilisation des armes blanches et des armes à feu à demeure dans les quartiers, la peur de l’autre et le « pas dans ma cour », on est en droit de se questionner et de craindre cette calamité possible d’ensauvagement.

Le moins que l’on puisse faire pour le moment dans ce monde en changement, c’est de rester alerte et de penser à freiner cette tendance particulièrement par la prévention en bas âge. Le cerveau est un organe puissant mais fragile. Il est capable du meilleur et du pire selon les environnements où il évolue. L’apprentissage de l’empathie pour contrer la violence gratuite, celui de la bienveillance pour éliminer la malveillance et celui de la compétence pour éviter la délinquance font partie de cet accompagnement nécessaire pour les enfants en devenir d’adultes sociaux compétents.

Un homme heureux

Je ne suis pas heureux par les temps qui courent. Le présent est chaotique et le futur incertain. Les populations vulnérables et les enfants en particulier ne sont pas bien traités. Ils continuent de souffrir d’un mauvais sort. Malgré des réformes, des commissions et des recherches, « Un Québec fou de ses enfants », « Tous responsables de nos enfants », « Les enfants d’abord » et autres belles promesses, qu’on se le dise, rien ne va plus.

Les institutions sont en crise, les intervenants n’interviennent plus de façon optimale et on pense encore qu’en ne changeant rien de profond dans nos systèmes, on pourra tout de même y arriver. L’idée n’est pas de tout faire voler en éclats et de mettre en cause nos acquis, mais il est clair qu’il est temps de repenser en profondeur nos offres de services aux enfants. Il faut aussi recueillir le plus d’idées innovantes possibles et passer vite à l’action. Nous ne pouvons plus attendre. Il y a urgence et ça nous concerne tous.

Protection des enfants

Les constats sont dramatiques, les listes d’attente des enfants en besoin de protection s’allongent sans cesse, les intervenants ne s’y retrouvent plus et abandonnent le navire.

Il serait temps d’innover et de penser la protection des enfants sous tous ses angles, non plus avec l’unique joueur DPJ mais bien avec plusieurs acteurs complémentaires dans les communautés. La mise en place d’équipes transdisciplinaires agiles et mobiles dans les milieux de vie des enfants pourrait nous permettre d’avancer rapidement vers une meilleure protection, plus globale et préventive, pour tous les enfants.

Développement des enfants

Il est clairement démontré que la stimulation précoce des enfants, dans leurs premières années, garantit une meilleure qualité de vie et un plus grand succès scolaire. En milieu plus défavorisé, les conséquences des retards de développement sont immenses si ceux-ci ne sont pas rapidement pris en charge.

Les services spécialisés, orthophonie, ergothérapie, psychologie, médicaux ne sont pas assez accessibles, et les délais d’attente sont inacceptables. Les services de garde, bien conçus, profitent quant à eux davantage aux enfants plus favorisés qu’à ceux en réel besoin de stimulation pour réussir. Le personnel est épuisé, sous-payé et démissione faute de reconnaissance et de qualité de vie.

L’innovation serait de mobiliser et d’intégrer les ressources spécialisées dans les différents lieux de soutien naturel aux familles et aux enfants, comme nous le faisons dans les centres de pédiatrie sociale en communauté avec les services de garde, CPE, maisons de la famille, écoles, etc., pour dépister et mieux servir les enfants.

Soins des enfants

Nos Hôpitaux pédiatriques sont renversants de compétences mais leurs urgences débordent de cas d’enfants qui devraient être traités par des médecins de famille disponibles et oui, aussi par des infirmières qualifiées, des intervenants psycho-sociaux et des psychologues. Notre tendance à voir la santé uniquement par le spectre physique occulte aussi le spectre de la santé mentale alors que celle-ci occupe une grande partie des besoins des jeunes et des petits.

Les services de santé coûtent cher (près de 50% du budget) mais ils ne sont pourtant disponibles qu’au compte-gouttes. Pourquoi les familles doivent tant attendre avant de trouver un médecin ? Pourquoi plusieurs quittent l’urgence sans avoir été vu après 10-12h d’attente ?

Encore là, les désinvestissements des dernières années se font sentir de plus en plus dans le réseau et la recherche désespérée de coupables en fait abandonner plus d’un, y compris des médecins.

L’innovation dans ce cas serait un retour à une première ligne forte 24/7 et à courte distance des patients, dans une perspective de gradation des soins. Il est temps d’envisager une approche de première ligne infirmière pour les soins physiques de base et une première ligne psychosociale pour les urgences plus psycho-sociales, et ce bien sûr en lien direct avec une équipe interdisciplinaire.

Instruction des enfants

L’école est bien l’endroit où l’on acquière différentes compétences au plan social, des connaissances et des valeurs. Or, l’école n’y arrive plus. Souvent désuète et même toxique, elle a été délaissée et mal aimée depuis des décennies, à tel point que les enseignants se sont essoufflés et épuisés.

L’innovation pourrait être de recréer des espaces sains et attirants pour les enfants, une deuxième maison où ils ont le goût d’apprendre et de créer, un lieu ouvert aux parents et aux mentors afin de compléter l’offre de services éducatifs nécessaires pour développer leur plein potentiel, tout en remobilisant les enseignants autour d’un projet éducatif commun, rassembleur. On connaît tous une enseignante qui a fait une différence dans notre vie et à qui on a voulu plaire en travaillant plus fort.

On est d’accord que des changements drastiques s’imposent. En médecine, en protection de la jeunesse, en éducation et en services de garde. Nous devons retrouver le plaisir d’aider nos enfants à être bien. Nous devons de nouveau nous sentir privilégiés de pourvoir contribuer à leur succès. Cela va de pair avec l’obtention de la reconnaissance de faire ce travail essentiel, pour une société meilleure.

Et si nous arrivons à innover rapidement pour nos enfants, alors peut-être pourrais-je redevenir un homme heureux au présent et avoir confiance en l’avenir.

Dr Gilles Julien

Pédiatre social et directeur clinique,

président fondateur, Fondation Dr Julien 

Cette lettre ouverte a été publiée le 8 novembre 2021 dans La Presse

Pas dans ma cour

Notre cour est grande comme la terre et elle sert à différents usages. On y joue, on y danse, on y mange et on la veut la plus belle et propre possible. Pour certains, elle sert parfois de poubelle ou d’entreposage, laissée en friche ou en abandon, mais pour la plupart, elle se veut belle. Ce ne peut être qu’une simple galerie ou un balcon suspendu ou même un parc voisin mais il s’agit tout de même d’une cour et toutes les cours forment ensemble, une grande partie de notre planète.

Or pour ce qui est de la terre entière, l’idée est la même. Le problème c’est que nous agissons à peu près tous comme si elle était une poubelle vaste et sans fond qui ne nous concerne pas. Le fameux «pas dans ma cour» s’applique très bien quand on considère l’environment global de notre chère planète. Même les grandes autorités du Cop26 en ont fait un grand «bla, bla, bla» comme la si bien résumé Greta. Devant l’irréversible état de délabrement de notre planète, les grands de ce monde ont accouché timidement d’une souris. Le prochain rendez vous, d’ailleurs, qui n’aura peux être jamais lieu, sera déjà trop tard si on se fie aux données des scientifiques. On n’a pas vu ou voulu voir l’urgence de la situation. Un grand rendez-vous manqué pour l’humanité.

Notre coeur lui est un peu comme notre cour, grand comme le monde. Il sert aussi à différents usages, on aime, on partage, on s’attendrie et on se reproduit grâce à son pouvoir et à sa force. Pour certains, il peut ne pas servir à grand chose et il perd vite de sa puissance quand la peur, l’isolement ou les blessures qu’il a subi l’empêchent de bien fonctionner. Quand le coeur est en peine ou en panne, le «monde», trop souvent, n’y porte pas attention ou l’ignore carrément selon le même principe du «pas dans ma cour». Il est ainsi souvent trop tard pour apaiser les gens qui souffrent ou même pour sauver des vies. Plusieurs grands rendez-vous sont ainsi manqués.

L’environnement est aussi une affaire de coeur, d’où mon propos aujourd’hui. Ce sont souvent de petites gestes qui permettent d’aller plus loin dans le respect de notre monde. Il est clair qu’on ne doit pas attendre que les décideurs décident. Je pense qu’il ne le feront pas de si tôt. Pour notre part, on peut changer pour une auto électrique, baisser notre chauffage, cesser de polluer avec le plastique. On peut aussi éviter de jeter nos cannettes ou les sacs de McDo sur le bord des routes. Ce sera déjà un début de prise de conscience pour sauver la planète.

Pour le coeur, plus on l’utilise pour aimer, pour supporter, pour encourager, pour motiver nos proches et notre entourage, plus cet organe ultrasensible pourra servir à sauver le monde. C’est bien ainsi que le monde existe dans un grand geste de respect de la terre et des hommes.

Un enfant triste

Il y a une annonce du gouvernement du Québec dans les médias récemment qui me trouble un peu. On y montre un enfant triste et on nous recommande d’être attentif à la souffrance des enfants, ce qui en soi est bien normal. Si on est proche des enfants on ne peut manquer de les décoder lorsqu’ils sont en souffrance puisqu’ils affichent clairement leur trouble et cela de diverses façons.

Un enfant triste est affaisé, perdu, désintéressé et démotivé lorsque quelque chose ne vas pas ou lorsqu’ils est blessé. Il peut pleurer, devenir facilement colérique, mal dormir, régresser, s’isoler, s’opposer, se mutiler ou devenir violent et les manifestations aussi variées soit-elles ne trompent pas et s’observent à vue d’oeil. C’est bien de le noter et d’y être attentif mais on ne dit pas quoi faire avec cette découverte inquiétante. Le pire c’est de l’ignorer ou de ne rien faire. À partir du moment où on est en présence d’une enfant triste, il est de notre devoir d’intervenir sur le champs.

Photo de Matheus Bertelli sur Pexels.com

« Le coeur des petits enfants est un organe très sensible. Un début difficile dans la vie peut le façonner de façon anormale. Le coeur d’un enfant blessé peut se rétrécir pour toujours au point qu’il devienne rugueux comme la peau d’une une pêche. Pire, le coeur d’un tel enfant peut devenir un fardeau pénible à transporter par son corps, facilement blessé par la moindre petite chose.» Carson McCullers (traduction libre)

«The hearts of small children are delicate organs. A cruel beginning in this world can twist them into curious shapes. The heart of a hurt child can shrink so that forever afterward it is hard and pitted as the seed of a peach. Or again, the heart of such a child may fester and swell until it is a misery to carry within the body, easily chafed and hurt by the most ordinary things.»

Les causes sont multiples et elles sont surtout reliées au vécu d’un enfant et à ses relations avec l’entourage immédiat. Violences, abandons, rejets, intimidations, insécurités multiples, abus fréquents composent avec un cerveau en pleine croissance perturbant sérieusement ses mécanismes en développement de protection et de résilience autant que ses compétences exécutives. Le résultat net se traduit souvent par cette grande tristesse apparente ou cachée qu’il faut souvent deviner. Que vous soyez proches de la famille, enseignants, éducateurs, médecin ou travailleurs sociaux, vous avez l’obligation morale et éthique d’agir.

Quoi faire en voyant un enfant triste? Agir, en se rapprochant de l’enfant, l’apprivoiser sans l’envahir ni le plaindre, lui signifier que vous êtes là pour l’accompagner, l’écouter et le supporter en tout respect. Lui faire savoir que vous êtes à ses côtés, que vous souhaitez jouer avec elle ou lui, dessiner, créer, courir. Vous devenez alors un protecteur de cet enfant et s’il le souhaite, vous pouvez en parler aux proches ou le référer à une clinique capable d’aller de l’avant avec ce type de tristesse. Les centres de pédiatrie sociale ne communauté sont là pour ça de même que plusieurs groupes communautaires. Vous devenez par le fait même membre actif du cercle protecteur de l’enfant dans votre communauté.

La prochaine fois que vous verrez cette annonce, pensez agir et nous seulement découvrir.

Notre terre

Suite à quelques semaines de pages blanches, je me suis éveillé à la musique de midnight oil, avec des paroles de grande actualité. « How can we dance when our earth is turning» «How can we sleep while our beds are burning» «The time has come to pay the rent, to pay our share», «Let’s give it back.»

Voilà quelques mot qui portent à réfléchir et à écrire, malgré leur lourdeur. Oui il est temps de se mettre à l’oeuvre, de redonner un peu d’amour à notre «mère la terre» comme nous le rappellent les autochtones. Il est temps de réparer cette boule qui tourne maintenant sur deux roues pour le bien des générations futures.

Photo de Anna Shvets sur Pexels.com

Notre terre, c’est tout ce qui tourne autour de nous, notre environnement humain et physique, autant les personnes que les forêts, que la qualité de l’air et les aliments qui nous soutiennent. Notre terre qui tourne, c’est aussi la pollution, la destruction et les abus qu’on lui fait subir collectivement et quotidiennement depuis des décennies, avec un irrespect et une ignorance totale. Nos lits qui brûlent, c’est le produit des ravages que l’on fait subir à cette terre mal-aimée, en commençant par les incendies qui n’en finissent plus et le réchauffement continuel qui l’affecte au plus haut point.

Le grand constat de cette courte réflexion, c’est qu’il est temps d’en payer le prix dans un monde en pleine panique où les injustices sont de plus en plus grandes et où l’humanité se dégrade en vitesse grand V. Il y a cette pandémie mondiale qui nous assaille tous et toutes et qui nous rappelle notre grande fragilité. Il y a aussi toutes les catastrophes naturelles qui se répètent de plus en plus partout dans le monde. Il y a cette absence d’humanisme qui nous caractérise de plus en plus quand ce n’est pas dans notre cour. Autant de rappels qui doivent nous inciter à nous réveiller et à passer à l’action avant de tomber dans le gouffre.

Juste ici au Québec, rien ne va plus au plan de notre collectivité et de nos acquis sociaux. Nos valeurs s’effondrent à vue d’oeil. Il y a les biens nantis et il y a les autres, ceux qui ne trouvent pas de loyers abordables et salubres, ceux qui sont forcés à l’itinérance, ceux qui attendent un médecin pour les soigner et les écouter, ceux qui tombent entre deux chaises sans espoir de se relever. Nos belles institutions n’y arrivent plus, que ce soit en santé, en éducation, en services de garde. Pénurie de personnel, ras le bol généralisé et mauvaises nouvelles quotidiennes ne cessent de nous envahir et de nous rappeler que rien ne va plus.

Les enfants sont les premières victimes de ce triste méli mélo. Leurs droits sont bafoués à grande échelle. Pensons à la liste d’attente en protection de la jeunesse, aux problèmes d’accès aux soins et aux services pour ceux et celles qui nécessitent des interventions urgentes en soutien à leur développement, en santé mentale et en scolarisation adaptée à leurs besoins. Des centaines d’enfants sont «en attente» sur un parking qui n’a plus de places disponibles, à grand risque de dommages permanents. Le constat est décevant et décourageant, ces enfants sont en train d’en payer le prix, laissés à eux-mêmes.

Y a-t-il espoir d’un changement magique issu de notre imagination collective? Je pense que oui. Voilà le sens à donner à ces mots:« Let’s give it back ». Redonner de toutes les façons possibles, se recentrer sur nos valeurs, s’occuper et soigner l’autre, d’abord en s’ouvrant les yeux et en prenant conscience de l’état des lieux dans nos vies respectives. Puis, personnellement et collectivement, prendre action localement pour contribuer à améliorer notre monde. Enfin en nous libérant du superflu, de la course à l’argent et du nombrilisme dont nous sommes tous un peu porteur, le «nous en premier» ou le «pas dans ma cour» par exemple.

Passer à la simplicité et à l’entraide, redéfinir nos environnements et la qualité de notre quotidien et ne jamais oublier que nous vivons en société, dans un monde où l’équité prend tout son sens. Il y a plusieurs façons d’aider et de s’engager, par le bénévolat, le partage d’expertise, par l’écoute ou par investissement financier dans les causes qui nous touchent et bien d’autres. «Let’s give it back» pour un juste retour des choses avant qu’il ne soit trop tard. La nature peut se regénérer, pourquoi pas nous!

Photo de Akil Mazumder sur Pexels.com

Une nouvelle qui rassure

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Trois jeunes des centres de pédiatrie sociale affiliés à la Fondation Dr Julien ont conquis l’auditoire du 10e cours d’été international relatif aux droits de l’enfant (Université de Moncton). Prince, Coralie et Alexis ont présenté avec humour et profondeur leur «Ville des droits de l’enfant» en temps de pandémie qui applique les sept principes de la Convention internationale relative aux droits de enfants. Ils n’y ont pas été de main morte avec des constats issus de leur coeur et de leurs vécus.

Ils ont d’abord souligné avec conviction, qu’ils auraient dû être consultés avant l’imposition de mesures souvent contradictoires et peu convaincantes pour contrer la maladie. Ils ont eu l’impression qu’on jouait au yo-yo avec eux ce qui n’a pas favorisé une adhésion optimale de leur part. Ils souhaitent qu’à l’avenir les jeunes soient pleinement informés et consultés pour une meilleur consensus autour des mesures préventives. L’absence d’une communication claire aurait nui selon eux à une meilleure efficacité des mesures de protection.

En rapport avec leur statut officiel au plan civique, ils ont posé une question choc à tous les participants de la conférence. En tant que jeunes et enfants, sommes nous a) des extraterrestres, b) des futurs citoyens, c) des citoyens à part entière. Une question fondamentale qui en a laissé quelques-uns mal à l’aise même si on a voulu être politiquement correct en répondant une réponse c).

Ils ont souligné à grand trait, la question du «village qui prend soin de ses enfants» à la lumière de ce qu’ils ont vécu en période de pandémie. Pendant cette période difficile, l’isolement obligatoire, les mesures de distanciation et la perte de repères sociaux n’ont pas servi la cause. Pour eux il est clair que quand la communauté ne peut pas jouer son rôle, le «village» ne peut pas les protéger adéquatement ni répondre à leurs besoins. Il s’agit là d’une retombée négative de mesures allant à l’encontre de plusieurs de leurs droits. Par exemple, les enfants confinés n’ayant plus d’accès au «village», se sont retrouvés pour certains, à risque élevé de négligences et d’abus sans que personne ne s’en préoccupe et avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer. Pour eux, pas de communauté, pas de village, pas de protection assurée.

En préparation de cette superbe rencontre, on a eu aussi l’occasion de discuter avec eux de leur vision des soins de santé intégrés comme ils les reçoivent dans les centres de pédiatrie sociale en communauté. Ils ont décrit avec finesse ce qu’ils attendent de nous pour respecter leurs droits essentiels:

« Des médecins à l’écoute des enfants et qui cherchent avec eux le meilleur pour assurer leur bien-être».

«Des médecins avec une équipe qui jouent un rôle de deuxième famille, qui nous écoutent et qui prennent le relais au besoin, en complémentarité avec leur famille naturelle»

«Un groupe de personnes qui aide les enfants à s’épanouir sur tous les plans»

«Une aide de proximité pour soutenir l’enfant et ses 41 droits»

«Un endroit pour se confier»

Les enfants ont utiliser toutes les minutes de cette présentation/échange de presque deux heures avec brio, confiance et espoir d’aider à changer le monde. Plusieurs participants ont d’ailleurs mentionné que c’était pour eux, la meilleure présentation de la toute la semaine. Des Haitiens, des Africains, des Européens et des Canadiens, entre autres, on applaudi chaleureusement ces jeunes engagés.

Leurs deux dernières questions portaient justement sur l’évaluation de l’échange:

Avez-vous bien écouté notre présentation? A) Je suis parti pendant la présentation, b)Non je suis trop vieux, c) Oui.

Notre présentation aujourd’hui, vous a: a) ennuyé, b) enrichi, c) intéressé?

L’humour a sa place quand on écoute les enfants, les questions sont claires et la profondeur de leurs réflexions est rassurante. Merci tous les trois, on vous écoute plus que jamais.

Science, politique, économie et gros bon sens

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Une transformation subtile mais réelle se produit sous nos yeux, en ces moments de grand dérangement. On sent une société en état d’essoufflement et parfois même en état de panique, le tout exacerbé par les effets collatéraux de la pandémie. On perçoit chez la population, un flou artistique qui polarise les croyants, les indécis et les complotistes de tout acabit. On se croirait à l’aurore de grands bouleversements sinon de conflits civils d’envergure.

Qui n’a pas vécu ces derniers temps, l’explosion de colère d’un automobiliste frustré, les menaces d’une personne irritée ou le déploiement d’un doigt d’honneur pour le moindre accroc au territoire d’autrui. L’impatience et l’intolérance sont à leur comble chez nos voisins, nos proches et chez ceux que l’on côtoie chaque jour.  Dur à vivre.

Face à la pandémie mais avec des origines datant aussi d’avant elle, le manque de cohésion de nos systèmes, les messages contradictoires des décideurs et les mesures de contrôle de plus en plus coercitives nous ont mis à rude épreuve. Les principaux acteurs ne semblent plus s’y retrouver eux-mêmes. D’ailleurs qui sont-ils ces acteurs influents, les scientifiques d’une part, les politiciens d’autre part, sans oublier les gens de finance à la recherche de profit faramineux en peu de temps. Puis il y a nous, le peuple, avec notre gros bon sens, mais on ne semble pas trouver preneur ni intéresser personne, sauf en période d’élection bien sûr.

Il y a aussi les enfants qu’on a privés de leur substance depuis deux ans et qui se demandent maintenant ce qui arrivera de leur avenir. À part le financement des milieux de garde, on n’en a pas entendu parler pendant la campagne électorale, il est donc peu probable qu’on en parle après les élections, si inutiles soient-elles. Ils n’ont que si peu d’importance et peu de profit à générer pour les personnes au pouvoir. On aurait intérêt à les écouter davantage, ce n’est que bon sens.   

La science elle devrait être pure et absente de tout compromis. Elle doit surtout être accessible à toutes et tous de façon brute, sans filtre et sans interprétation par nos décideurs, défendeurs ou vulgarisateurs, même bien intentionnés. Nous sommes assez intelligents pour l’interpréter avec notre gros bon sens si on nous informe adéquatement. Mais on rêve.

Pour ce qui est des opportunistes de l’argent à faire sur notre dos, on approuve qu’ils se mettent à l’œuvre pour nous sauver mais on leur demande au moins la clarté et une certaine dose d’empathie et d’équité sociale. On rêve encore probablement.

La question des politiciens est plus délicate. On entend qu’ils se donnent comme mission de nous protéger et de nous guider vers un monde meilleur. Mais quand les promesses électorales ne sont que fausses rumeurs pour se faire mieux élire, on reste un peu sur notre appétit. On peut bien rêver mais pour combien de temps encore.

Il nous reste notre gros bon sens, mais comme il varie d’un individu à un autre, on n’est pas nécessairement sortis du bois. Que voulons-nous devenir, quelles valeurs voulons-nous sauvegarder, quel avenir voulons-nous pour nos enfants, quelle planète leur laisser. Il faudrait peux-être non seulement en rêver, mais aussi nous mettre en marche, librement, sans intermédiaires, sans exclusions comme un peuple fier et pleinement déterminé. L’avenir appartient à nous et à nul autre. Soyons fiers et engagés pour une société meilleure, alertes et solidaires pour aller de l’avant. Chacun doit faire sa part aujourd’hui même.

#fiersetengagéspourunesociétémeilleure