
Le temps nous a manqué depuis ces deux ans d’attente et de d’angoisse dues aux effets collatéraux de la Covid. Mauvaises nouvelles quotidiennes, pertes d’être chers, craintes du voisinage, éloignement et « séquestrations», fuite des proches et des amis et plus encore. Notre tolérance a été mise à rude épreuve de même que nos nerfs et notre santé globale. Certains s’en sont mieux tirés que d’autres comme dans toutes les épreuves humaines, des injustices de toutes sortes se sont clairement affichées et des comportements humains extrémistes se sont vite déployés dans toutes les couches de la société. Tout cela pour arriver où exactement, sûrement pas vers une vraie lumière au bout du tunnel.
Des personnes comme les restaurateurs ont tout perdu et d’autres se sont enrichis. Des artistes n’ont pas pu créer, ce qui représente la perte de leur pain quotidien et d’une partie de leur âme. Des scissures sont apparues dans nos communautés, les vaccinés et les non-vaccinés, les scientifiques et les gens de gros bon sens, les sceptiques et les croyants, enfin tout pour nous diviser. Je me questionne sur le type de réconciliation possible, dans combien de temps et pour combien de temps encore et avec quelle souplesse et quel respect. J’espère juste que le temps le permettra.
Il y a bien un certain espoir d’en finir avec le virus et de retrouver une vie normale. On pourrait même pour être de notre temps, bannir le mot en «C» en pensant qu’il va ainsi vraiment disparaître de notre vie. On nous dit d’ailleurs, experts comme politiciens, que tout va bien au Québec et qu’on revient progressivement vers une vie normale même si on devra s’habituer à vivre avec le virus, quel qu’il soit.
Si je ne m’abuse, on l’a toujours fait dans l’histoire des épidémies et des grands fléaux et même lors des guerres omniprésentes dans le monde. Le peuple a tendance à s’habituer mais surtout à oublier assez facilement les drames et les deuils, soit pour se protéger, soit pour fuir la souffrance. C’est ainsi que se répètent les erreurs historiques et qu’on semble s’acharner à ne pas apprendre des erreurs du passé.
Mais quelle sera donc cette nouvelle «normale » puisque, conséquences ultimes de nos ignorances, on se retrouve avec une guerre qui risque d’être mondiale et on assiste à un assassinat de tout un peuple avec femmes et enfants au nom d’obscures valeurs et de fiertés personnelles et masculines. On se disait pourtant que cela n’arriverait jamais plus en nos temps modernes. Nous sommes à peine sortis d’un virus que l’on retombe dans un chaos incroyable et que notre planète se meurt dans une indifférence aberrante.
Que restera-t-il d’humain dans cette normalité à construire par nous tous, sinon un espoir à retrouver et à chérir et un modèle nouveau où chaque être humain devra avoir sa place dans un monde transformé pour vivre son bonheur et son bien-être. Le chantier est immense, les enjeux évidents. Laisserons-nous des despotes et des dictateurs nous définir ce monde nouveau ou allons-nous prendre en main nous-mêmes ce grand projet. Il est moins une et la question est ouverte mais je n’ai pas la réponse. Le temps pourrait par contre nous manquer!