Une vague impression de la fin d’un monde

On est tous un peu perdu à l’heure actuelle, comme pris dans un étau, mal informés, inquiets à différents niveaux. Personne n’y échappe et probablement encore moins les décideurs. On se retrouve tous dans un bateau à risque de couler si on considère l’ensemble de l’œuvre avant, pendant et après la pandémie

Photo de Porapak Apichodilok sur Pexels.com

Des enjeux et des risques multiples nous frappent de plein fouet. À ce niveau, la pandémie prime actuellement avec en premier plan la peur de mourir et de perdre des proches pour les uns et la fragilité extrême des Hôpitaux pour d’autres. On est tous confrontés à l’impuissance soudaine d’où des stress majeurs pour plusieurs.

On tente de survivre littéralement aux incertitudes quant à la suite des choses avec plein de conséquences sur notre moral et sur notre humanité. On réagit de différentes façons à cette agression traumatisante sur notre vie normale (et confortable) que ce soit par de la colère, de la docilité ou de la résignation.

Certains cherchent des coupables à tout prix mais ils n’existent tout simplement pas, d’autres s’isolent et se referment dans leur bulle, un certain nombre se cherchent des sauveurs qui n’existent pas non plus. On peut dire qu’on se trouve tous sur la corde raide pour le moment.

On assiste à une transformation «disruptive» de nos valeurs et de nos comportements.  Pour ce qui est des valeurs, on se retrouve en manque de compassion, de bienveillance et d’entraide mais on remarque surtout des fractures et des ruptures sociales évidentes et on ne sait pas encore si on pourra les retrouver à moyen et à long terme. En conséquence, nos comportements trahissent nos dysfonctionnements avec des colères inappropriés, nos humeurs changeantes et nos conduites excessives sans oublier notre détresse quotidienne et on ne voit pas le jour où on reviendra «normaux».

La grande question conséquente, c’est ce que l’on remarque comme cliniciens chez les enfants sur le terrain et notre crainte partagée de sacrifier une génération d’enfants témoins de toutes ces détresses et de ces manquements à l’ordre social. Nous en sommes à constater les dégâts sans savoir ce que ces enfants deviendront dans l’avenir.

On dit que les enfants sont résilients et je le crois personnellement mais cette résilience, ils la tiennent des contacts sociaux motivants et rassurants avec des adultes forts et significatifs et de leurs réseaux sociaux enrobants et protecteurs. Ils sont forts si l’entourage est fort et soutenant, ils réussissent si on leur donne des chances égales et ils sont heureux s’ils ne sont pas envahis par la peur et la peine. On a donc beaucoup à faire collectivement

L’impact de la pandémie et de ses effets pervers sur les enfants devrait être une préoccupation majeure des autorités et des soignants avec une priorité forte, dès maintenant au même titre que les autres enjeux à gérer. Leur avenir se joue aujourd’hui même. Vite un retour à la normale pour tous, cette autre normale qui pourrait s’avérer salvatrice pour les enfants si on la façonne avec des valeurs sûres, sans compromis.

Gilles Julien, Pédiatre social

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