
« Mettre l’enfant au cœur des décisions» selon la Commission Laurent. «Affirmer l’intérêt primordial de l’enfant et le respect de ses droits qui seront les éléments à considérer dans toute prise de décisions» selon le nouveau projet de loi sur la protection de la jeunesse. On ne peut qu’applaudir!
«S’engager pour nos enfants» comme le souhaite le ministre Carmant, on est tous partants. Ce sont des souhaits louables mais maintes fois répétés depuis plusieurs années. Le meilleur intérêt de l’enfant est déjà passé dans le langage, de tous, même auprès celui des juges et des avocats, depuis longtemps, ce n’est pas une nouveauté en soi. Le bé-mol, c’est dans le comment faire, avec qui, avec quels moyens et selon quelles priorités.
On attend toujours une transformation en profondeur des grands systèmes scolaire, santé et surtout en protection des enfants. On souhaite un virage costaud pour recentrer nos façons de faire, pour prévenir en grand le plus tôt possible et pour repenser les offres de services en lien avec les besoins globaux et l’ensemble des droits des enfants.
À ce jour, le constat d’incapacité est flagrant en ce qui concerne un réel engagement pour les enfants. Les listes d’attente ne s’améliorent pas dans tous les secteurs. Les services directs aux enfants restent fragmentaires à tous les niveaux. La démobilisation, le manque de ressources et de moyens sont sujets d’inquiétudes. Pourtant, le potentiel est présent, la population est prête, les intervenants n’attendent qu’un coup de pouce supplémentaire (beaucoup sous forme de reconnaissance) et plusieurs initiatives terrains se développent dans les milieux. Les signes sont encourageants.
Pour notre part, nous avons déployé une pratique de médecine sociale depuis au moins trente ans et elle se base justement sur l’accès, la prévention et l’effort de première ligne dans les milieux. Les enfants eux-mêmes y sont mobilisés en comités porteurs de leurs droits, les soins sont offerts en proximité de façon globale et les parents y conservent toute leur dignité. Nous sommes aussi actifs en prévention des effets négatifs des stress toxiques sur la santé et le développement des enfants les plus vulnérables (plus de 10,000) et de la négligence. Notre façon de faire inclusive permet de réunir autour de notre équipe clinique, des enseignants, des directions d’école, des intervenants de la DPJ et des travailleurs des CLC, des CPE et des groupes communautaires.
L’engagement actuel du gouvernement concernant l’échange d’information pertinente pour supporter les enfants arrivent à point. On s’attend aussi à des actions pour faire cesser le travail en silo et bien d’autres mesures pour renforcer la première ligne forte dans les milieux. Le gouvernement semble déterminé à poursuivre dans la voie du changement profond. Espérons qu’il ne s’arrêtera pas en cours de route. Soigner et protéger efficacement les enfants, c’est aussi l’affaire des communautés. En pédiatrie sociale nous souhaitons faire aussi partie de la solution.
Quelques questions pour alimenter notre réflexion sur les grands changements :
Qui peux décider du meilleur intérêt de l’enfant dans une formule qui tiens compte de tous les droits des enfants?
Quels incitatifs mettre de l’avant pour améliorer la communication et harmoniser les meilleures pratiques?
Quel meilleur filet de protection mettre en place dans les milieux pour protéger les enfants les plus vulnérables?
Quels services doivent être mis de l’avant en prévention et en soutien précoce au développement des enfants?
Quels outils de mobilisation à mettre en place pour favoriser l’implication des communautés?
Comment respecter et sauvegarder la dignité des familles au sens large pour maximiser leur participation?
On s’attend à un comité de travail sur ces sujets en début 2022. Le ministre doit nous revenir là-dessus avec une proposition.