V est une belle grande fille de 17 ans maintenant. Elle ne l’a pas eu facile dans sa courte vie et la pandémie ne l’a vraiment pas aidé à garder le cap. Pourtant elle est restée lucide et d’une sagesse impressionnante malgré ces temps difficiles.
Je lui demandais comment elle allait ces derniers mois et elle me répondit du tac au tac: «J’ai resté longtemps à 16 ans», encore fière de ses nouveaux 17 ans. L’année avait été dure, ses côtés sombres avaient parfois pris le dessus avec ses luttes intérieures et des périodes de découragements qui l’avaient aussi mise à rude épreuve. Mais une faible lumière au bout du tunnel et sa grande curiosité pour tout comprendre avaient contribué à maintenir sa tête hors de l’eau.
Sa réponse en si peu de mots résumait bien son parcours récent et ses espoirs même si ses 16 ans comptaient en double. Je lui ai dit que j’allais la citer dans mon blog et elle était toute fière de pouvoir m’inspirer, moi son docteur. Elle nous révéla aussi plein d’autres forces en elle et une foule d’explications à ses questions nombreuses. La rencontre fut précieuse, collée à ses besoins et très rassurante pour la suite des choses.
J’ai aussi revu M cette semaine. Il aura 17 ans bientôt et pour lui, c’est le sport qui l’a maintenu à flot. Il a subit rejets et intimidations en bas âge au point de ne plus croire en lui et d’oublier ses grandes forces. Dans les dernières années, il s’est complètement investi dans les cours de boxe. Je ne l’avais pas revu depuis quelques mois sachant qu’il allait bien et qu’il persistait à poursuivre sa scolarisation. Ce fut une visite «de courtoisie» et de retrouvailles car il tenait à ce que je le vois complètement transformé. Grand, fier, sûr de lui, il a proposé de m’inviter à un prochain exercice de boxe. Je lui proposai en retour d’accompagner des jeunes en difficulté à titre de mentor. Il me répondit: «Ce serait un honneur de remettre un peu ce que j’ai reçu à d’autres enfants en difficulté». C’est comme ça qu’on les aime nos grands.

Plusieurs jeunes ont vécu cette année «en double» de façon très éprouvante et démotivante avec les conséquences sérieuses que l’on connaît. Qu’ils puissent piger dans leurs forces personnelles pour reprendre goût d’avancer et pour entrevoir l’espoir d’une vie meilleure, cela reste la meilleure méthode pour s’en sortir gagnant. La meilleure façon de jouer notre rôle en tant que proches et aidants, c’est d’aller à leur rencontre, d’être à leur écoute, de faire émerger et persister leurs forces et de croire en eux sans limites. Voilà ce que nous devons donner comme signal aux jeunes pour les maintenir en vie et en développement.