Après avoir vécu un an de Covid, nous devons passer progressivement vers une ère de «nouvelle normalité» dans nos vies. Notre vie à tous a changé profondément, subtilement dans les derniers mois, et une autre normalité s’est déjà installée dans nos chaumières. On ne peut plus attendre passivement qu’il se passe quelque chose et que tout redevienne comme avant, comme par magie. Tant de valeurs, de croyances et de certitudes furent balayées pendant cette période difficile qu’il nous faut nous repositionner rapidement sur plusieurs niveaux pour faire avancer la société mais surtout pour préserver les valeurs qui comptent le plus pour nous.

J’ose avancer que les enfants font partie à part entière des enjeux de cette nouvelle normalité et qu’ils en seront les premiers bénéficiaires. Ils en ont enduré, les enfants, pendant cette période. Ils ont été baillonnés, privés de leurs proches et confinés devant leurs écrans en attendant l’impossible jour après jour. On leur a coupé leurs sports, leurs sorties, leurs amis et on leur a même laissé croire qu’ils étaient dangereux pour leurs proches. Certains en ont fait des cauchemars et ont perdu toute confiance. D’autres plus marqués, ont perdu totalement leur motivation et ils ont choisi d’exister sans lien, en perte de sens et d’espoir.
Le Québec est spécialiste des grands chantiers, des commissions et des grandes consultations. C’est maintenant le temps de passer à l’action pour réparer les nombreux dégâts encourus pendant la pandémie et envisager un grand chantier de reconstruction de nos enfants. Ce chantier doit se faire dans un mode de globalité et non en mode silos pour pouvoir agir sur la trajectoire de santé et de développement de tous les enfants. Il faudra éviter une démarche pour la protection des enfants, une autre pour leur éducation, une autre sur leur petite enfance et d’autres sur leurs dépendances, leur sexualité ou le racisme dont ils sont souvent victimes. L’enfant est un humain complexe, un être à part entière, avec des besoins fondamentaux universels et cette complexité dans l’unité doit refléter notre grand chantier d’actions pour leur bien-être futur post pandémie.
La Convention internationale relative aux droits de l’enfant est un excellent outil pour servir de base à ce grand chantier moderne de réflexion et d’actions intégrées. Elle reflète l’ensemble des droits de l’enfant et correspond à l’ensemble de leurs besoins. Ainsi, elle permettra d’éviter de réfléchir sur le droit de la protection comme on s’apprête à le faire, sans prendre en compte les autres droits fondamentaux comme l’éducation, l’appartenance, les environnements favorables et l’ensemble de leurs émotions par exemple.
Le temps presse parce qu’on se retrouve déjà dans une impasse sociale, où les liens se sont globalement effacés, où la règle obligeait à rester chez soi, à se méfier et à fuir le voisin et même les proches. Je crains un retour à la normalité avec un sens social et une humanité sérieusement affaiblis avec tous les excès que cela peut engendrer. Vivement un plan pour retrouver nos sens avant que se déploie de façon anarchique cette nouvelle normalité à risque pour l’avenir des enfants.