Par où commencer? J’ai bien le goût d’écrire mais l’inspiration me manque. Peux-être est-ce seulement la fatigue ou autre chose. Tout vas si vite, tout devient urgence ou détresse, tout est là pour nous déstabiliser. Je ne suis ni dépressif, ni anxieux. Je continue à tenter de mener une vie normale. Je fais du sport, je me couche tôt et chaque matin, je suis heureux d’être là avec ma femme et les enfants que je vais pouvoir aider aujourd’hui.
Je suis donc privilégié mais malgré tout, l’incertitude est toujours au dessus de ma tête,. Je ne suis pas si sociable, mais la foule me manque et encore plus le contact devenu fuyant avec mes proches. L’impossibilité de prendre mes petits enfants et l’éloignement réflexe lors de nos brèves rencontres me semblent si étranges. Le réflexe freiné de se coller et de se donner un hug entre proches me déstabilise. Tous ces petits moments de douceur et d’amour me manquent énormément.
Nos repères se perdent à vitesse grand «V», nous devenons petit à petit des êtres «en quête» et centrés sur nous mêmes. On en est à se satisfaire seul pour fuir la peine ou l’agressivité, certains dansent, d’autres font ce qui reste de sports. Certains se gavent d’écran ou cultivent des herbes pour compenser, pour oublier, pour espérer. Un certain nombre vivent de la colère et peine à se contrôler. La situation est devenu critique.
L’important, c’est qu’on tienne le coup individuellement et collectivement. Cette semaine, j’ai parlé à un monsieur dans la soixantaine en phase terminale et il a tardé à me répondre parce qu’occupé à offrir des repas aux itinérants. Cela m’a plu et rassuré en même temps. Dans la même journée de clinique, deux jeunes enfants se sont lancés spontanément dans mes bras pour se faire prendre. Ça m’a comblé.
L’Important c’est donc de continuer à vivre dans la dignité et le respect des autres. La force puisée dans l’entraide est clairement une façon sûre de poursuivre notre route vers la lumière au bout du tunnel. Je souhaite à tous de se centrer sur l’entraide au quotidien. On passera ainsi plus facilement au travers, j’en suis certain.
La page n’était pas si blanche enfin de compte.

.