
Ce que je changerais maintenant et dans les années futures, c’est clairement la place et le rôle des enfants et des jeunes dans la société. On les a longtemps considéré comme des êtres de peu d’importance dans l’Histoire et même comme des personnes de peu de valeur. On les a pourtant utilisés sans souci pour faire les travaux dont personne ne veut et même comme chair à canons, démontrant ainsi leur peu de valeur pour la société en général. Ce n’est d’ailleurs que depuis quelques dernières décennies qu’on leur a enfin attribué des droits et une certaine protection.
Concernant leurs droits, la Convention internationale relative aux droits de l’enfant ratifié en 1991 au Canada, est devenue une base plus théorique que pratique car plusieurs des droits qui y sont inscrits ne sont même pas respecter dans les faits, faute de volonté politique et faute de moyens concrets mis en place. Pour ce qui est plus spécifiquement du droit à la protection, on n’a qu’à suivre l’actualité pour se rendre compte que les mécanismes mis en place à grand renfort de budget sont loin de remplir l’objectif. On s’en est remis à l’État pour protéger nos enfants en pensant bien faire et jamais on a réussi à créer une véritable cercle protecteur pour tous les enfants dans leur milieu de vie. La mise en place des services de protection donnés en exclusivité à la DPJ, la hiérarchisation et la bureaucratie extrêmes et le travail en silos ont fini par l’emporter sur le bon sens et l’importance de la proximité pour créer un véritable cercle protecteur pour les enfants. La communauté a été exclus d’emblée sauf pour participer à la délation.

Mon plus grand souhait dans toute cette histoire, c’est que quelque soit leur langage, leur culture ou leur statut, les enfants devront être consultés systématiquement puisqu’ils connaissent bien leurs besoins. Leur parole doit être entendu car ils savent bien de quoi ils parlent, étant les premières victimes de leurs droits bafoués. On devra les accompagner pour qu’ils puissent construire leur propre cercle protecteur avec les personnes qu’ils vont eux-mêmes choisir. Me Hélène Sioui Trudel, directrice du droit intégré à la Fondation Dr Julien en a fait une superbe démonstration en créant divers projets qui vont dans ce sens depuis quelques années. Le Cercle de l’enfant, la formation FER sur les droits, le Garage à Musique en sont des exemples flagrants. Il est impérieux de penser autrement et d’initier une vraie transformation en faveur des droits des enfants et particulièrement en protection de la jeunesse.
Oui c’est possible de mobiliser les enfants et les communautés pour assumer les actions à mettre en place pour le respect de tous les droits des enfants. Nous souhaitons ardemment mettre notre expérience et notre expertise à profit pour les changements qui s’annoncent en particulier pour développer le grand cercle protecteur des enfants. Il est temps de briser les silos et d’adapter la loi de la Protection de la jeunesse à de nouvelles réalités avec le constat d’échec actuel de ce système fermé d’une autre époque. Il faudra, par contre, faire attention de ne pas succomber à la tentation d’alimenter cette machine déjà trop grosse et quasi ingérable. Il faudra faire preuve de plus de créativité. Les enfants d’abord devra être notre devise lors de cette transformation.
En terminant, un souhait attendu depuis longtemps s’annonce en début 2021 dans le cadre du respect de tous les enfants. Le Ministre de la Santé présentera un projet de loi pour assurer aux enfants migrants l’accès complet aux services de santé et de services sociaux. On pourra ainsi fermer une page sombre d’exclusion de notre histoire récente au Québec où de enfants sans droit sont systématiquement mis de côté. Bravo Monsieur le Ministre, un grand pas en avant.
Pour finir, un jeune de 14 ans qui vit des difficultés d’apprentissage sans avoir des services adaptés, me faisait part de ses souhaits pour la nouvelle année. « Mon premier souhait, c’est de changer les écoles et mon deuxième, c’est d’avoir des professeurs plus stricts ». Quelle sagesse, quand je vous dit que les jeunes savent bien ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin. On a donc du pain sur la planche en 2021!
Bonne nouvelle année 2021! #respectenfants, #enfantsd’abord