Santé mentale/enfance

La possibilité de prévention en santé mentale n’est pas une vue de l’esprit. Tout comme en santé physique et ce malgré certains marqueurs génétiques, il est possible de construire notre santé mentale pour la vie. Il est de plus en plus évident qu’on peut réduire le risque de cancer avec des mesures d’auto- contrôle des stress toxiques ou de nos comportements alimentaires, par exemple. En santé mentale, l’élimination de ces mêmes stress toxiques et l’apaisement du cumul de poly-traumatismes chez l’enfant peuvent avoir le même effet préventif à plus long terme.

«It is easier to build strong children than to repair broken men» (Frederick Douglass, 1865) Cette phrase célèbre date du siècle passé mais prend toute sa signification en regard de la science moderne. Les dommages au cerveau du jeune enfant dans ses premières années de vie, occasionnés par les mauvaises conditions de vie et les multiples mauvaises expériences dont il est victime, sont abondamment reconnus. Ils affectent la santé physique, le développement et les capacités globales de l’enfant. La santé mentale actuelle et future est aussi compromise. Or nous savons maintenant que ces dommages sont complètement ou partiellement réversibles si on agit assez tôt pour les contrer.

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L’enfant naît parfois avec une bagage génétique qui peut augmenter les risques de maladies mentales dans sa vie future. Par contre la construction d’une santé mentale pendant l’enfance peut diminuer ce risque de la même façon qu’on ne devient pas nécessairement diabétique ou coronarien parce qu’il y en a dans notre famille. La santé mentale se bâtit dès le jeune âge par des expositions à des personnes significatives et par l’acquisition d’outils de résilience qui serviront toute notre vie à créer des barrières pour maintenir notre santé mentale.

Un enfant désiré, choyé et protégé dès son jeune âge, possède déjà une base de résilience forte. Si son parcours se poursuit avec le développement d’attachements sécures et d’influences identitaires fortes (rites de passage, accompagnements familiaux élargies, filiation et autres), il se crée chez l’enfant une sorte de « blueprint» de motivation et de créativité. Sa capacité de faire face à des situations difficiles et à des événements traumatiques sera alors plus grande et plus constructive. Les anxiétés, les émotions fortes (tristesse, colère) et les découragements seront alors plus facilement autogérées et même utiliser pour aller de l’avant. La santé mentale est alors sauvegardée et renforcée.

L’enfant qui naît dans des conditions difficiles, celui qui ne trouve pas preneur et qui est exposé à des coupures, des violences et des abandons multiples pourra plus difficilement se construire une protection, gérer ses angoisses importantes et garder le cap. Il devient alors plus facilement démotivé, il bloque ou se retire et il abandonne. Son estime de soi baisse à vue d’oeil et il pourrait ne plus vouloir vivre ou encore se venger. Sa santé mentale en prend un coup et s’ensuivent souvent des états dépressifs et des troubles anxieux quand ce n’est pas des troubles réactionnels graves ou des idées suicidaires.

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Quelle leçon tirer de ce constat? Investir avec les enfants en bas âge est une clé certaine pour prévenir des troubles de santé mentale plus tard. Les blessures de l’enfance non guéries sont de grands précurseurs de futurs troubles de santé mentale et même de maladies physiques chroniques nous rapporte la science. Une grande partie de ces problèmes peuvent être prévenues en investissant dans l’accompagnement des enfants. On n’a même pas besoin de spécialistes à ce niveau, le vrai monde peut très bien le faire. Il suffit d’aimer un enfant à la fois, de le guider régulièrement, de s’y attacher profondément et de le rassurer dans certaines circonstances plus difficiles. Pour plusieurs enfants, cela suffira amplement à les remettre en piste et à assurer leur bonheur. Les spécialistes seront alors mieux aptes à s’occuper des cas plus complexes.

La santé mentale des enfants se cultive et se précise dans le temps. Encore faut-il que quelqu’un s’en occupe dans leur entourage et leur voisinage, des parents, des bénévoles, des voisins et ceux et celles qui ont l’enfance à coeur. Je répète, il est plus facile de construire des enfants forts que de réparer des personnes brisées.

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