La santé mentale, un sujet tabou par excellence, on ne veut pas trop y croire ni même en parler. On s’empêche d’y réfléchir, on se plaît à croire que ce n’est pas dans notre cour ou que nous en sommes immunisés et à l’abri. On se réfugie facilement dans une pseudo-normalité et on se ferme à l’idée de mieux comprendre les grands dérapages humains dont nous sommes témoins de plus en plus souvent.
En ce sens, le triste événement de Québec a suscité dernièrement son lot de commentaires et de réactions parlant d’eux-mêmes. On a poussé un soupir de soulagement quand on a su que le suspect n’était pas originaire de la belle ville de Québec. La première rumeur fut qu’il viendrait de Montréal Nord…puis finalement de Ste.Thérèse dans le coin de Montréal. Tout de suite, sans qu’on en sache rien de rien, déjà, les psychiatres élaboraient leurs théories du possible pour satisfaire notre volonté d’une explication médicale rassurante nous mettant ainsi à l’abri d’une réflexion plus poussée. On balaie trop facilement ces drames dans la cour du voisin et on cherche tout de suite une explication qui nous absous nous, de toute responsabilité.
Et si on était tous un peu coupables de ces absurdes anomalies que sont les abus, les infanticides, les guerres et les meurtres sordides, justement parce qu’encore une fois, on cherche des coupables le plus loin possible de notre propre environnement en omettant de même considérer que quelque part on y participe individuellement et collectivement sans le savoir. Et si on se mettait à croire que nos propres comportements ainsi que plusieurs de nos façons de faire et que notre relative indifférence à la souffrance humaine et aux fortes inégalités sociales pourraient jour un rôle dans ces dérapages «inexplicables», on pourrait probablement mieux identifier les vraies racines des troubles de santé et particulièrement celles de notre «santé mentale».
Chaque nouvel événement traumatique, car il y en aura d’autres certainement, devrait nous rappeler nos responsabilités individuelles et collectives dans la recherche de solutions durables pour sauvegarder la santé mentale de toutes et tous. Il nous faudra prendre du recul et laisser de côté les chasses aux sorcières, les attentes d’explications simplifiés et les solutions hâtives et ponctuelles. Pour une fois, il nous faudra approfondir, réfléchir et agir pour s’attaquer aux vraies causes profondes de ces souffrances inouies qui commencent souvent dans l’enfance.
Des pistes de solution existent déjà, des rapports s’accumulent sur la question, des recherches démontent le comment faire (même à distance), mais il manque le savoir-faire et le savoir-être pour amorcer la démarche préventive et réparatrice nécessaire. Le savoir-faire implique un mouvement de communauté incluant, des spécialistes, des initiatives communautaires, du bénévolat et du soutien gouvernemental renouvelé et bien planifié dans un processus de co-construction vers un environnement soutenant notre santé mentale. Le savoir être c’est le respect (absence de jugement compris), l’empathie et la recherche d’équité sociale qui doivent nous animer dans le quotidien dans chacun de nos gestes et de nos actions. Le savoir être, c’est un nouveau regard sur autrui basé sut la bienveillance et l’entraide, pour que personne ne tombe entre deux chaises et en trouble de santé mentale.
Encore une fois dans toute cette affaire, l’espoir viendra des enfants qui auront tous accès à un milieu sain pour se développer pleinement, des jeunes en difficulté qui trouveront preneur pour les accompagner sur une trajectoire de succès et des ados et jeunes adultes qui trouveront la motivation auprès de mentors et de guides de vie dans le respect de leur liberté. Plus notre base humaine sera saine et soutenante, plus l’équilibre émotionnel des enfants et des jeunes permettra de prévenir de grands dérapages humains. Pour moi, cela reste la lumière au bout du tunnel.
