Qui aurait imaginé de telles retombées du Covid 19 sur la santé globale des personnes et particulièrement sur celle des enfants et des jeunes. Des dommages collatéraux non prévues et difficilement prévisibles d’ailleurs, sont apparus dans les derniers mois et chaque nouveau mois nous amènent son lot de problèmes associés non pas au virus lui-même mais à ses effets secondaires graves sur notre moral à tous et sur la santé physique et mentale des jeunes.

Nous avons nommé les «nouvelles morbidités sociales» dans les années soixante-dix, soit les impacts réels des effets pervers de la société sur les enfants comme la pauvreté, les iniquités et les environnements toxiques entre autres. J’ai souvent mentionné par la suite, les «morbidités du millénaire» pour illustrer les effets désastreux des stress toxiques et des poly-traumatismes dont sont victimes une grande partie des enfants de ce nouveau millénaire. Nous en sommes maintenant aux nouvelles morbidités liées à la pandémie du Covid 19 qui se manifestent déjà en 2020.
Dans les premiers mois de la pandémie, solidairement, nous avons fait ce qu’il fallait dans les circonstances et devant l’ampleur de l’inconnu, nous avons participé à un grand «shutdown» qui nous semblait approprié et logique. Isolement, réclusion, confinement, travail à domicile, coupures sociales, voyages bannis, nous avons goûté à un hermitage en règle qui avait aussi un bon côté. Un temps d’arrêt était nécessaire pour arrêter la propagation du virus et pourquoi pas, pour nous remettre en question comme personnes et comme société et ce à l’échelle mondiale.
Après quelques semaines de ce nouveau mode de vie et alimentés par les incohérences des décideurs et par une peur insensée propagée par le climat social et par les médias, nous avons vu apparaître les conséquences fâcheuses de cette improvisation. Le confinement a créé de plus en plus de tensions dans les chaumières, la violence familiale s’est insinué un peu partout y compris auprès des enfants, la précarité a provoqué des anxiétés importantes chez plusieurs individus, les problèmes de santé mentale ont explosé dans toutes les couches de la société et tous nos mécanismes de régulation se sont mis à faire défaut. Même nos valeurs chèrement acquises en ont prises un coup: plus de contact sociaux, pertes de rituels majeurs comme les mariages et les funérailles, impossibilité de faire du sport ou des arts, nous ont fait perdre des mécanismes libérateurs précieux et irremplaçables.
Que penser alors de notre créativité collective dans tout cela? Où est-elle et qui la sollicite quand on s’attend à ce que l’on soit dociles et isolés? Restez chez vous, ne faites pas de rencontres de famille, pas de sorties, pas d’activités normales de la vie quotidienne et surtout soyez dociles même si on porte votre vie entre nos mains semblent nous dire les autorités. Plus, les messages négatifs se succèdent tuant tout espoir ou toute idée de génie: «C’est loin d’être fini, nous en avons pour des années, le vaccin n’est pas près d’arriver et il pourrait en manquer, les hôpitaux ne suffiront bientôt plus à la tâche» entendons-nos dire officiellement par nos dirigeants le visage de plus en plus catastrophé, les pauvres.
N’est-ce pas pour les contacts sociaux que nous souhaitons nous lever le matin pour aller travailler, n’est-ce pas en équipe que nous brassons les meilleurs idées et que nous pouvons continuer à innover. L’intelligence artificielle n’est-elle pas la somme de l’ensemble de nos connaissances communes. Pourquoi alors, sommes nous exclus de la réflexion et des meilleures décisions qui nous concernent. Pourquoi être dociles quand nous pouvons collectivement créer déjà un monde meilleur si on veut bien nous considérer comme des êtres intelligents et responsables et non comme des robots en pleine insouciance du lendemain.
Il est temps de changer de ton dans les officines, il est temps de nous lever tous pour avoir l’heure juste non maquillée, il est temps de nous mettre en mode solution sans contraintes et sans filtre. Nous devons montrer au monde notre capacité de résilience.